mardi 25 février 2014

A Montpellier, les efforts de la Ville pour la Paillade ne suffisent pas


De gauche à droite : Les jeunes Pailladins Abdel, Ahmed, Ali, Rachid souffrent d’un sentiment de délaissement. Photo Redouane Anfoussi. De gauche à droite : Les jeunes Pailladins Abdel, Ahmed, Ali, Rachid souffrent d’un sentiment de délaissement. Photo Redouane Anfoussi. L'utilisation de l'article, la reproduction, la diffusion est interdite - LMRS - (c) Copyright Journal La Marseillaise

La politique volontariste pour la Paillade menée par les majorités socialistes depuis la fin des années 70 n’empêche pas le quartier d’afficher le plus fort taux de chômage de la commune.

La Paillade. A Montpellier ce nom a deux connotations. Heureuse et fière quand il s’agit du club de foot dont les supporters, malgré le changement de nom en 1989, restent toujours des Pailladins. Inquiète et déplaisante quand il s’agit de parler du quartier qui, bien que rebaptisé Mosson en 2000, conserve tous les stigmates de ces cités dortoirs construites dans les années 60 pour accueillir les populations d'outre Méditerranée. Avec ses 36% de chômage (46% chez les jeunes de moins de 26 ans), un revenu médian à 7 000 euros par an (contre 15 200 à Montpellier) et 12 500 personnes (sur une population de 24 000) sous le seuil de pauvreté, la Paillade est l’archétype du quartier populaire. Et les politiques nationales ou locales mises en œuvre ne parviennent pas à contrer cette évolution.
Contrairement à d’autres cités, la Mosson est pourtant loin d’être délaissée par les institutions. S’il faut faire une distinction entre les Hauts de Massane, au nord, et la Paillade, au sud, le quartier est particulièrement bien équipé. C’est là que Léo-Lagrange, la première maison pour tous de la ville a été construite en 1977, complétée par la suite par Georges-Brassens. On trouve également dans la zone le stade de la Mosson, requalifié pour la Coupe du monde 98, une médiathèque, un cinéma, le théâtre Jean-Vilar, un centre social, le centre nautique Neptune, 23 écoles, 3 collèges et un lycée professionnel. La vie associative y est très développée avec une centaine de structures subventionnées par la Ville. Au printemps 2014, la Paillade a été le théâtre, au même titre que les autres quartiers de la ville, d’une édition de la ZAT (Zone artistique temporaire), avec l’ambition d’y impliquer fortement ses habitants.
Côté logements (63% sont sociaux), depuis la destruction des barres de Phobos à la fin des années 80, le quartier est aussi le cadre d’une vaste plan de renouvellement urbain et de mixité sociale. Les tours et les barres sont progressivement démolies pour la construction de résidences plus modernes. Terminus de la première ligne de tramway livrée en 2000, la Mosson est aujourd’hui également desservie par la ligne 3. Mais cette abondance de transports cache encore une forte disparité entre les Hauts de Massane, accessible uniquement en bus, et la Paillade. Enfin, la cité bénéficie depuis 1997 du statut de Zone franche urbaine pour aider à la création d’emplois.
Mais cette forte implication de la ville dans le développement des équipements du quartier, n’empêche pas la Paillade de sombrer dans le chômage. C’est en tout cas le bilan d’une étude commandée par la préfecture en 2010. « Force est de constater que le maillage associatif et institutionnel dense, les transports publics performants, la présence de services publics et d’équipements de qualité, l’implantation de la Zone franche urbaine, n’ont pas permis d’éviter le processus de ségrégation progressif, accentué par une politique de peuplement qui a concentré progressivement des populations précaires à tous égards, financiers, culturels et sociaux », relève le centre de ressource Territori.
Marine Desseigne

Retrouvez le témoignage de cinq jeunes pailladins dasn l'édition papier de l'Hérault du Jour du lundi 24 février.