Entre son soutien aux chrétiens de Maaloula et sa volonté d'installer une crèche à la mairie pour Noël, le maire met en scène ses convictions chrétiennes.
Les rangs du public sont fournis, les caméras de France 2 sont en place. Sur un écran géant, viennent de défiler les images des églises et monastères de la ville chrétienne martyre de Maaloula en Syrie. Le décor du conseil municipal est planté. Le spectacle peut commencer.
Robert Ménard va alors jouer la partition qu'il affectionne, garder - presque - tout le temps un ton calme, une posture autoritaire mais dégagée, bien loin de ses colères habituelles en l'absence des télés. Ce qui ne l'empêchera pas de lancer de cinglantes réparties à l'opposition, et particulièrement à Aimé Couquet (PCF) qui non seulement joue le rôle du poil à gratter mais encore conteste en permanence le maire sur la légalité ou la pertinence de ses décisions.
L'ordre du jour ne compte pas de nouveautés importantes, ce sont les communications du maire qui vont donner le ton. Et d'abord Maaloula. Évidemment personne ne nie la catastrophe qui s'est abattue sur cette cité où Robert Ménard vient de se rendre "en pleine guerre", se plait-il à répéter. Il est aussi allé à Damas où il a visité "la mosquée où est enterré Saint-Jean-Baptiste". Béziers jumelée avec Maaloula, il a dégagé quelques objectifs d'aide : de la reconstruction des maisons (aux deux-tiers détruites), à celle de l'Institut de l'enseignement de l'araméen, "la langue du Christ" en passant par les problèmes d'assainissement.
Avec précaution un élu de droite, Daniel Parédès, avance que ce village mérite d'être soutenu, "comme d'autres". Il note que l'araméen est aussi la langue de la Torah. Et rappelle au maire qu'il est là surtout pour que " Béziers puisse voir renaître un essor économique". Robert Ménard sait bien que l'argument doit faire mouche dans son électorat, il ne demande d'ailleurs pas que soient versée de subvention à Maaloula. Son objectif est ailleurs. Il est idéologique.
"Vous n'avez qu'à voter contre"
Plus tard, Robert Ménard repartira en croisade. Cette fois, il commence avec prudence, on dirait qu'il marche sur des oeufs. Il explique que Noël est une fête religieuse mais pas seulement. "Noël se fêtait bien avant l'avènement du christianisme : c'était le solstice d'hiver". Bref Noël "est notre héritage commun venu du fond des âges". Tout ça pour annoncer avec circonspection qu'une crèche "avec des figurines du début du XXe siècle" sera installée dans l'accueil de la mairie. Il ajoute d'ailleurs que l'ensemble n'a coûté que 550 euros. L'important étant évidemment que le l'argent public ne soit pas dilapidé. Là encore il pense à ses électeurs pourfendeurs des dépenses publiques.
"Si une autre religion vous demandait une chose similaire à l'occasion d'une de ses fêtes, que feriez-vous ?" interroge Aimé Couquet. "Je me poserai la question mais je n'accepterai pas à coup sûr... Vous en tirez les conséquences que vous voulez." Dolorès Roqué (PS) renchérit : "Il y a des lieux pour faire des crèches, la République est laïque."
"On est dans un pays judéo-chrétien depuis 2000 ans" rétorque Ménard. "Tu foules aux pieds la loi de séparation de l’Église et de l’État", s'indigne Couquet. "Vous n'avez qu'à voter contre" leur répond le maire avant de faire remarquer qu'il y a bien des sapins dans les mairies. Bref quand ça l'arrange, la crèche représente le solstice d'hiver mais quand il est à bout d'arguments, le sapin se convertit au catholicisme.
Compte-rendu Annie Menras
http://www.lamarseillaise.fr/herault-du-jour/politique/32554-beziers-les-nouvelles-croisades-religieuses-de-robert-menard