jeudi 30 octobre 2014

Bouchons à Montpellier : les dix points noirs


Le bouchon de la rue Anatole-France, à l’entrée du tunnel de la Comédie, remonte tous les soirs... jusqu’au cours Gambetta. © Guillaume Bonnefont
La circulation, c’est le sujet qui fait râler les Montpelliérains. Ils n’ont pas tort : Montpellier serait la 6e ville la plus embouteillée de France. L’expert des GPS Tomtom a planché pour La Gazette sur le sujet. Verdict : il identifie sept points noirs. D’autres spécialistes sollicités en ajoutent trois. Tour d’horizon de ces bouchons : leurs causes, les solutions envisagées, et les trucs pour les éviter (quand c’est possible).

 

1. AVENUE PIERRE-MENDÈS-FRANCE

L’avenue Pierre-Mendès-France, reliant le Zénith et Antigone, est régulièrement congestionnée. Tomtom classe le carrefour de l’aéroport, côté Antigone, parmi les pires de la ville. Mais pour les spécialistes, ce n’est pas si grave. "Le carrefour juste après le franchissement du Lez (dit "carrefour de l’Aéroport-International") est très bien fait, juge Marc Le Tourneur, expert en mobilité. On ne peut pas faire autrement. C’est une 2 x 2 voies, qui débouche à l’entrée du centre-ville. Il faut forcément y créer une file d’attente. Si on larguait les voitures là, sans les retenir, Antigone et le Corum seraient totalement saturés."
Que changer ? "Il faut que les automobilistes apprennent la patience, sourit Éric Boisseau, de la Fédération nationale des usagers des transports. Il vaut mieux que cela bouchonne ici, et que le Verdanson soit un peu plus fluide." Bref, mieux vaut ne pas toucher à ce bouchon.
Comment l’éviter ? Via la sortie Odysseum, on gagne Richter, l’ouest de Montpellier, ou même le Verdanson (en contournant le Millénaire). En sortant à la Pompignane, on peut se rendre vers Antigone, Castelnau, et le nord de Montpellier.

2.PRÉS-D’ARÈNES

Tomtom pointe également ce rond-point dans les points noirs de Montpellier. Pour Marc Le Tourneur, le problème est "complexe. C’est une entrée de ville, qui réunit une voie rapide, une autoroute, plusieurs avenues importantes." Un rond-point n’est donc peut-être pas adapté. "Vous ne pouvez pas trop le réguler, quand il y a des flux différents dans la journée."
Que changer ? Transformer le rond-point en carrefour à feux ? "Cela améliorerait les choses, c’est probable, estime Marc Le Tourneur. Et pour les piétons, ce serait plus confortable." Mais cela risque de reporter le bouchon vers la Restanque, et l’avenue de Palavas. "Le rond-point a des aménagements paysagers de qualité. Si on supprimait tout, cela coûterait cher, et les gens ne seraient pas d’accord !"
Comment l’éviter ? Mieux vaut éviter de sortir de l’A9 à Montpellier-Sud ! Montpellier-Ouest est parfois plus intéressant, quitte à retourner ensuite sur ses pas par la rue de l’Industrie.

3. MONTPELLIER-OUEST

La sortie Montpellier-Ouest est souvent bouchonnée lorsque les Prés-d’Arènes sont fluides, et vice-versa. Tomtom classe sans surprise ce rond-point comme point noir. Mais pour Marc Le Tourneur, les causes sont différentes. "Montpellier-Ouest, c’est la dernière sortie gratuite de l’autoroute. Saint-Jean-de-Védas, c’est payant. Du coup, les gens l’évitent."Conséquence : les rues Montels-l’Église et François-Joseph-Gossec sont surchargées, car elles servent d’itinéraire bis.
Que changer ? La solution arrive en 2017 : la sortie Saint-Jean-de-Védas devrait devenir gratuite. "Les bouchons de Montpellier-Ouest et Saint-Jean-de-Védas vont forcément dégonfler", estime Marc Le Tourneur.
Comment l’éviter ? Sortir à Saint- Jean-de-Védas et payer l’autoroute ! Cela permet souvent d’éviter des ralentissements.

4. GRAND M

"Un rond-point, cela ne coûte pas très cher, mais c’est plein de défauts", lance Marc Le Tourneur. Et le Grand M serait "un cas typique" : il perturbe entre deux axes au volume de voitures différent. La congestion maximale a lieu à l’angle Vanières-Bugarel, au niveau du stade. "Les véhicules arrivant de Saint-Jean-de-Védas, moins nombreux, entrent plus facilement dans le Grand M, précise l’expert. Mais ils ralentissent le flux majeur autoroute-nord de Montpellier."
Que changer ? Un carrefour à feux pourrait améliorer les choses, mais personne n’osera détruire l’emblématique Grand M ! Du côté du stade, par contre, les choses vont bouger. La Ville annonce que la gestion des feux va être revue, "car elle n’était pas optimale". À terme, les élus espèrent que le projet de liaison A 9-A 750 débloquera l’ouest de la ville. Mais il faudra patienter au moins dix ans.
Comment l’éviter ? La D132, de Saint-Jean-de-Védas à Juvignac, est une des rares alternatives.

5. LYCÉE MERMOZ - LÉON-BLUM

Pointé par Tomtom, le carrefour du lycée Mermoz crée des soucis jusqu’au Corum, et à l’avenue Albert-Dubout. La circulation est souvent hachée, quel que soit le sens de circulation.
Que changer ? Aux portes du centre-ville, ce bouchon semble inéluctable. Mais la gestion des feux pourrait être meilleure. "En réduisant le feu vert du boulevard d’Antigone, et en augmentant celui de Léon-Blum, depuis le lycée Mermoz, cela rendrait le secteur plus fluide", détaille Marc Le Tourneur.
Comment l’éviter ? Le plus simple est de prendre le tram ! À défaut, on peut tenter par le chemin de Moularès ou l’avenue de la Pompignane. Mais on risque d’y croiser un autre bouchon.


Infograpghie © André Yanelle

6. VOIE RAPIDE

Aujourd’hui, l’avenue de la Liberté n’est plus la "voie rapide" ! Au niveau de Clemenceau et Figuerolles, et à la jonction avec l’A 750, au nord, c’est la cata. "L’A 750 a créé un appel d’air, observe Marc Le Tourneur. De plus en plus de Montpelliérains partent vivre vers Gignac, Montarnaud, La Boissière... Ils reviennent en voiture, et ils s’amassent sur la voie rapide !"
Que changer ? Doubler la voie rapide ? "Le projet existe depuis longtemps, confirme Marc Le Tourneur. Mais personne n’osera se mettre à dos les riverains !" Éric Boisseau suggère une autre idée : des cars express ! "Le Département prépare une ligne de cars rapides entre Gignac et Montpellier. On pourrait la prolonger sur la voie rapide, jusqu’aux Prés-d’Arènes, à Lattes et à La Grande-Motte. Cela pourrait décongestionner cette avenue !"
Comment l’éviter ? L’avenue de Lodève peut être une autre solution d’entrée nord de Montpellier.

7. CORUM

Tomtom le confirme : c’est sans doute le pire carrefour de la ville ! "Une ineptie", selon l’élue à l’urbanisme Stéphanie Janin. La voie de gauche, qui mène au Verdanson, est saturée. Et des petits malins se rabattent au dernier moment. Juste au-dessus, ceux qui sortent du tunnel de la Comédie sont piégés : impossible de remonter vers le Verdanson. Du coup, beaucoup font un demi-tour sauvage à l’entrée de Saint-Lazare !
Que changer ? La Ville va tenter de modifier cet automne le carrefour (voir page suivante). Mais pour les demi-tours sur l’avenue Saint- Lazare, rien n’est prévu. "On pourrait faire sans souci un carrefour à feux à l’arrivée de la passerelle, pour tourner vers les Beaux-Arts et le Verdanson", assure Marc Le Tourneur.
Comment l’éviter ? On peut passer allée Montmorency, tout droit à Mermoz, prendre la passerelle et arriver route de Nîmes. Au fond, on rejoint l’avenue de la Justice-de-Castelnau, et on gagne le nord de la ville.

8. GAMBETTA- OBSERVATOIRE

Le choix de Tomtom n’étonnera personne : la rue Anatole-France, qui mène de la place Saint-Denis aux halles Laissac, est devenue un bouchon quasi permanent depuis Gambetta, Clemenceau et le Grand-Saint-Jean. "Le tunnel de la Comédie, c’est un pousse-au-crime,déplore Marc Le Tourneur. Une fois qu’on a passé ce verrou, on est presque sorti de la ville. On préfère attendre à Anatole-France, plutôt que de prendre des contournements."Et comme si cela ne suffisait pas, des stationnements sauvages en double file ralentissent le trafic.
Que changer ? Pour les doubles files, Stéphanie Janin l’annonce : "La vidéo-verbalisation est à l’étude." Éric Boisseau propose de réduire Anatole-France à une voie, et de gar- der la seconde pour les piétons, les vélos et les livraisons. Une solution radicale circule : réserver le tunnel aux parkings. "Ce ne serait plus une traversée de ville dans l’hypercentre. Les gens devraient marcher, prendre le tram et le vélo", imagine Marc Le Tourneur.
Comment l’éviter ? Prendre le tram ! Sinon, on peut faire le tour par le quai du Verdanson, puis rejoindre Antigone par Léon-Blum.

9. AVENUE JUSTICE- DE-CASTELNAU

Cette avenue est une torture pour les automobilistes. Notamment du côté de l’avenue Saint-Lazare et du rond-point Charles-de-Gaulle. "On a fait énormément de travaux du côté de Charles-de-Gaulle, rappelle Marc Le Tourneur. Et cela n’a fait que décaler le bouchon, qui s’étale maintenant sur toute l’avenue !"
Que changer ? La Ville planche sur le carrefour avec Saint-Lazare (lire ci-dessous). Le secteur serait soulagé par une déviation est de Montpellier, entre l’A9 et le nord de l’Agglo.
Comment l’éviter ? Pour aller en ville, préférer le tram 2. En voiture, on peut passer avenue de Nîmes et quai du Verdanson... Mais pour aller au nord, mieux vaut éviter la ville. La D65, que l’on rejoint à Clapiers, est une option.

10. ROND-POINT DE LA LYRE

Le grand rond-point de la D65 est surchargé aux heures de pointe. Cela ne surprend pas Éric Boisseau : "On crée des voies qui donnent un sentiment de capacité routière. Les gens s’y accumulent, puis cela bloque aux ronds-points."
Que changer ? Le Département est en train de transformer la D 65. "Cela pourra décongestionner le secteur, prévoit Marc Le Tourneur. Mais dès que ce sera un peu plus fluide, de nouvelles voitures arriveront." "Depuis quarante ans, on fait de gros travaux, mais les bouchons augmentent, ajoute Éric Boisseau. Il faut privilégier d’autres trans- ports, comme le car, le bus et le vélo."
Comment l’éviter ? La D 68 (le Lien), au nord, est plus fluide, mais plus éloignée. Sinon, les habitués conseillent l’entrée à Montpellier par Euromédecine et la Val- sière.
Gwenaël Cadoret
Extrait du dossier paru dans La Gazette de Montpellier n° 1371 - Du 25 septembre au 1er octobre 2014