Halles Laissac, Jeu-de-Paume, Ode... le maire de Montpellier se positionne
Depuis son élection, en mars dernier, Philippe Saurel a dû se positionner sur différents dossiers majeurs sur le plan économique, lancés par ses prédécesseurs. Ses orientations doivent servir à définir une ligne. Il doit également répondre à une attente, voire impatience, des acteurs concernés.
Quelle est votre ligne concernant l'avenir des halles Laissac ?
Porjet Ode : "Equilibré"
Concernant l’ambitieux projet Ode, qui va de Richter jusqu’à Pérols (au niveau d’Auchan), par les avenues Raymond-Dugrand et Georges-Frêche, Philippe Saurel rappelle qu’il a proposé "l’écriture d’un protocole, cosigné par l’Agglomération, la Ville et la chambre de commerce et d’industrie". Avec deux orientations : "Les mètres carrés commerciaux qui seront reconfigurés à Ode ne doivent pas traduire d’extension commerciale et il faut anticiper une organisation du centre-ville qui soit stimulée." Il faut "créer un équilibre dans la stimulation des zones commerciales".
D’ailleurs dévoile-t-il, "ledit protocole mis en place sur Ode a été préalablement discuté avec Henri Chambon, propriétaire du Polygone pour lequel il se fait du souci. Cette convention tient compte à la fois du commerce en centre-ville et du centre commercial du Polygone Il y a une espèce d’équilibre que l’on se doit de respecter." Il insiste enfin, comme pour répondre aux éventuelles craintes des commerçants du centre-ville : "Le quartier Ode se fera sur un temps long, sur quinze à vingt ans."
Durant la campagne électorale j'avais plaidé pour leur maintien, à condition que l'on puisse faire un parking. Il existe aujourd'hui une étude sur l'état du béton de l'édifice et de la structure. J'ai pris connaissance de ses résultats au mois d'août. Elle révèle que le parking est en très mauvais état. Il ne peut pas être conservé en l'état. Les contraintes de sécurité mériteraient, très largement, de fermer ce parking. Les halles sont, elles aussi, en très mauvais état.
Faut-il comprendre qu'il faudra les raser et les reconstruire ?
Un projet de reconstruction, avec un parking en sous-sol, coûterait 13 M€. On ne les a pas au budget de la Ville... J'ai rassemblé les commerçants des halles, en présence de Jean-Pierre Touchat, le président de leur syndicat. Je leur ai fait part de l'étude. Ils ont souhaité, au vu des documents, réunir une commission qui donnera leur point de vue d'ici début décembre. On verra alors ce qu'ils souhaitent et vers quoi on s'oriente. Sachant que certains veulent arrêter leur activité et que d'autres veulent la transférer. Le tout, en tenant compte des contraintes liées aux infrastructures.
Quelle est la solution la plus probable ?
Il faut choisir entre refaire ou ne pas refaire. Car le coût de halles sans parking, c'est aussi 7 M€. Nous attendrons quelques mois, puis il faudra prendre une solution durable et pérenne. Mais tout est lié à la propre trajectoire des commerçants concernés.
Mais la démolition semble inévitable, quand même ?
Je reprendrai ce qu'a dit Cambacérès, député de la noblesse, lorsqu'il a voté la mort de Louis XVI : “Je vote la mort du roi, mais pas tout de suite”.
Le boulevard du Jeu-de-Paume semble dans l'impasse ?
Je vais reprendre, sous ma gouvernance personnelle, la Mission Grand Cœur. Je veux des réponses précises, savoir qui fait quoi. Des décisions m'arrivent, déjà préformatées. Ça ne me convient pas du tout. Sur le boulevard proprement dit, dès mon élection, j'ai enclenché volontairement les travaux de la ligne 4 du tramway. Nous verrons ensuite comment s'organisent les attributions des commerces et leur répartition sur cet axe. Sachant que ce que je souhaite, c'est que cette artère soit vécue comme un vrai espace public, avec des restaurants, des bars et des terrasses. Pour créer une urbanité, plus qu'un urbanisme.
En dehors de Nespresso, il n'y a pas eu de grosses enseignes ?
La mission confiée il y a quelques années à Alain Manoukian (de développer une artère commerciale de luxe, NDLR), par Hélène Mandroux et Marc Dufour (alors adjoint au commerce, NDLR), a échoué lamentablement. Il faut aujourd'hui tout reprendre. C'est Grand Cœur qui va me permettre de le faire. Je veux tout savoir sur les installations des nouveaux magasins. C'est plus que du commerce, c'est de l'aménagement urbain, incluant les rues adjacentes au boulevard.
Recueilli par KARIM MAOUDJ Midi Libre
