Inaugurée pour la première fois en 2007, elle avait provoqué un mini-tollé. Sept ans plus tard, l'exposition "Zizi sexuel" suscite de nouveau la polémique. Organisée à laCité des sciences et de l'industrie de Paris depuis le 14 octobre, jusqu'en août 2015, la manifestation revient d'une tournée de sept ans en Europe et dans d'autres villes de France.
Inspirée de l'album Guide du zizi sexuel, de l'auteur suisse Zep et d'Hélène Bruller, cette exposition, destinée aux enfants de 9 à 14 ans, souhaite aborder la sexualité de façon légère, en mettant en scène Titeuf, le principal protagoniste de la BD. Elle entend éclairer les visiteurs sur des thématiques telles que "la puberté", "faire un bébé", "être amoureux", de manière décomplexée... Plusieurs jeux sont ainsi proposés aux jeunes, comme le "pubermatic", l"amouromètre", le "zizi piquet" ou encore la "ola des capotes", comme le souligne Le Figaro, lundi 20 octobre.
Le retour du héros de Zep est toutefois loin d'enthousiasmer certaines associations. "Zizi sexuel" a en effet immédiatement déclenché les foudres de SOS éducation, une organisation connue pour ses prises de position conservatrices sur l'éducation à la sexualité, la contraception et l'avortement. L'association s'est par ailleurs largement positionnée contre les ABCD de l'égalité, plan d'action du gouvernement pour l’égalité filles-garçons à l'école lancé en 2013, l'accusant d'"enseigner la masturbation aux enfants", comme le rappelle lundi Le Parisien.
Une pétition lancée sur Internet
Le rassemblement, qui revendique 60 000 membres, notamment des parents et des professeurs, a lancé une pétition intitulée "Non au zizi sexuel !". SOS éducation y exige que les parents soient informés "des contenus sexuellement explicites" de l'exposition. Sur son site, l'association s'adresse à la ministre de l'éducation, Najat Vallaud-Belkacem, exprimant son "inquiétude" quant aux "sorties qui vont être organisées dans le cadre scolaire pour emmener des élèves voir l'exposition Zizi sexuel".
"Je suis moi-même allée à la Cité des sciences, justifie Aurélie Testenière de SOS éducation, lundi, pour Le Figaro. Ce qui m'a gênée, c'est le fait de limiter l'amour à des pratiques sexuelles et à la contraception." Et d'ajouter : "A force de vulgariser les choses, on les rend moches."
Mardi, environ 38 900 personnes avaient signé la pétition, affirme l'association. Sept ans plus tôt, ils n'étaient "que" 8 000 à avoir participé à une initiative similaire contre cette même exposition, dont SOS éducation était déjà à l'origine. A l'époque, l'exposition avait joui d'un franc succès, attirant 340 000 visiteurs.
"Cette association sort les choses de leur contexte"
Le débat a également gagné les réseaux sociaux, opposant les défenseurs et détracteurs de l'exposition. S'exprimant sur la polémique, mardi, Fleur Pellerin, ministre de la culture et de la communication, a estimé que la pétition était "peut-être" corrélée avec le débat sur le genre. "Je note qu'il y a une forme de raidissement (...). Le débat sur l'ABCD de l'égalité [a] sans doute un peu crispé certaines personnes."
La commissaire de l'exposition, Maud Gouy, a pour sa part estimé dans les colonnes du Parisien, lundi, que "cette association sort les choses de leur contexte. Notre exposition essaie de véhiculer aux enfants des valeurs essentielles : l'amour, le consentement, l'égalité hommes-femmes". La commissaire rajoute, sur le site FranceTV Info, qu'"en aucune façon, on ne souhaite se substituer à l'éducation des parents. Lors d'une sortie scolaire, [ces derniers] signent une autorisation."
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