Le Sénat sauveur du Languedoc-Roussillon ?
AFP STEPHANE DE SAKUTIN
En commission spéciale du Sénat chargée de la réforme territoriale, refus de la fusion avec Midi-Pyrénées.
Coup de théâtre. Alors que les observateurs donnaient comme acquise, même aux yeux du nouveau Sénat, la fusion Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon du projet Valls, la commission spéciale du Sénat chargée de la réforme territoriale a rué dans les brancards. Les sénateurs de la commission ont modifié mardi soir la nouvelle carte des régions dessinée par l'Assemblée nationale, proposant 15 régions au lieu de 13, en maintenant une région Alsace et une région Languedoc-Roussillon. La région Alsace est ainsi séparée d'une méga-région qui la noyait avec les régions Champagne-Ardenne et Lorraine. Les Alsaciens ont massivement manifesté contre cette énormité raillée sous le nom de chamalow (Champagne-Alsace-Lorraine). M. Valls leur avait répliqué qu'il "n'y a pas de peuple alsacien mais un peuple français". Mais la commission a aussi rétabli les régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, que la carte de l'Assemblée, imposée par l'Elysée et Matignon sans consultation des populations ni des élus régionaux, unifie en une seule méga-région de 15 départements et près de 6 millions d'habitants, allant de Pont-Saint-Esprit à Tarbes.
Refus et pétition
En Languedoc-Roussillon, le conseil régional presque unanime a voté une motion refusant cette fusion-absorption, tandis qu'une pétition défendant l'intégrité du territoire a été signée par près de 8 000 personnalités. Par ailleurs, les sénateurs ont renommé la Centre "Centre-Val de Loire". Sur un autre chapitre, la commission a rétabli la possibilité pour deux départements de fusionner. Si pour le faire le référendum local est possible, en revanche il faut obtenir une majorité des 3/5e des exprimés dans chaque assemblée. La commission a aussi modifié les conditions de changement de région pour un département. La région d'origine doit recueillir 3/5e des exprimés pour y faire obstacle. La région d'accueil et le département concernés doivent obtenir la même majorité des exprimés. L'examen du texte en 2e lecture commencera en séance plénière au Sénat le 28 octobre, après une déclaration de Manuel Valls sur la réforme. Si le nouveau Sénat, à majorité de droite et du centre, peut amender le projet, l'Assemblée, à majorité socialiste, conserve le dernier mot. Le Languedoc-Roussillon est donc encore loin d'être sauvé, même si la majorité réduite du gouvenement au Palais-Bourbon lui laisse un nouvel espoir de survie.
Bayrou réagit
Face à la démesure de la future région grand Sud-Ouest, le président du Modem et maire de Pau François Bayrou a lancé l’idée d’une entité institutionnelle et territoriale Pays de Béarn. Il a qualifié les fusions de régions de "délirantes" pointant qu’au Sud-Ouest, la distance atteindra 500 km du nord au sud d’une seule et même région ! Le projet de M. Bayrou préfigure ce qui risque d’arriver un ailleurs avec les méga-régions : l’émergence de séparatismes locaux. La Catalogne-Nord, chez nous ?
GABRIEL LEON Midi Libre