mardi 25 novembre 2014

Fusion des régions : les députés face au vote

Fusion des régions : les députés face au vote

L’affaire semble entendue. Ce mardi, les députés devraient entériner la fusion des régions, et donc celle liant Midi-Pyrénées à Languedoc-Roussillon.
ILLUSTRATION / DR

Ce mardi 25 novembre, les députés devraient entériner la fusion des régions, et donc celle liant Midi-Pyrénées à Languedoc-Roussillon. Les 23 parlementaires du Languedoc-Roussillon et deux de l'Aveyron seront présents. Revue d'arguments.

L'affaire semble entendue. Ce mardi, les députés devraient entériner la fusion des régions, et donc celle liant Midi-Pyrénées à Languedoc-Roussillon. Il en est un qui espère encore : le député PS héraultais Kléber Mesquida. "Je ne perds pas espoir, ce sera en tout cas beaucoup plus serré que la dernière fois."

 Il y avait, en juillet, une cinquantaine de voix d'écart entre les pro et les anti-fusion... 

Il a fait les comptes : des députés du Nord qui "s'étaient abstenus en première lecture et qui sont prêts à voter contre", tout comme le groupe écologiste déçu de ne pas avoir obtenu d'assouplir le droit d'option permettant à des départements de rejoindre une autre région. Les deux députés EELV de la région, Christophe Cavard et Jean-Louis Roumégas, s'étaient abstenus en première lecture, au mois de juillet, bien que favorables à la fusion... L'occasion, pour eux, de peser en faveur du droit d'option. Ils pourraient s'abstenir à nouveau cette fois-ci, même si le groupe EELV opte pour un vote contre. Il y avait, en juillet, une cinquantaine de voix d'écart entre les pro et les anti-fusion... De quoi laisser une porte entrouverte, ce coup-ci ou le coup d'après : car le résultat du vote sera présenté en commission mixte paritaire, associant députés et sénateurs, ce jeudi. S'ils ne s'entendent pas, il faudra un nouveau vote, début décembre, à l'Assemblée nationale, qui aura le dernier mot.
"Une balance avec deux plateaux équilibrés"
Le Gardois William Dumas Mesquida ne pourra pas compter sur la voix de sa collègue socialiste et héraultaise Anne-Yvonne Le Dain : elle votera pour la fusion, bien décidée à se battre "pour que Montpellier soit le siège des préfectures régionales. On en reviendrait à ce qui prévalait sous l'Ancien Régime, le comte de Toulouse à Toulouse et les services régionaux à Montpellier." Mesquida, adepte de l'espoir, n'en est pas moins dur avec Anne-Yvonne Le Dain : "Elle peut toujours rêver. C'est faire preuve d'un esprit retardé que de penser qu'il va y avoir une dichotomie entre l'institution qui va gérer la région et les services institutionnels."
"On évoquait déjà le dialogue métropolitain"
La semaine dernière, Kléber Mesquida a défendu un amendement rétablissant la séparation entre Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Il était soutenu par sept députés, héraultais et roussillonnais. Pas un parlementaire gardois ou audois ne l'a suivi. "Je dis oui à la fusion avec enthousiasme, insiste Jean-Claude Pérez. Quand Pierre Cohen était maire de Toulouse et moi maire de Carcassonne, on évoquait déjà le dialogue métropolitain. Et je ne parle même pas des Audois qui, avec Raymond Courrière, évoquaient cette fusion. C'est l'aboutissement d'une attente lointaine."

Bourquin avait fait du combat contre la fusion un leitmotiv

Le défunt président de Région Christian Bourquin avait fait du combat contre la fusion un leitmotiv, bataillant justement contre les élus audois sur la question. Les députés gardois avaient également rechigné à le suivre. À commencer par deux ex-vice-présidents de Région, Françoise Dumas et Fabrice Verdier. Ce dernier, qui avait déjà assumé ce choix en première lecture, s'attirant les foudres de Christian Bourquin, persiste et signe. Tout comme son collègue socialiste gardois William Dumas, qui voit dans la fusion "comme une balance avec deux plateaux équilibrés, bien complémentaires entre l'industrie aéronautique et le tourisme, la dimension méditerranéenne".
"Je crois aux mutualisations"
Selon le député catalan Robert Olive, qui a succédé à Ségolène Neuville devenue secrétaire d'État, "l'adhésion autour de Christian Bourquin s'est effilochée, surtout après sa mort. C'était mon ami d'enfance, il m'a tendu la main (Christian Bourquin, compagnon de Ségolène Neuville, avait soufflé son nom à la députée, NDLR), je n'avais pas de raison de ne pas lui tenir la main." Solidarité amicale d'un côté, solidarité gouvernementale de l'autre... Le choix aurait pu être cornélien, mais Robert Olive a tranché. "Je ne vous cache pas que j'ai posé la question à Ségolène Neuville. Mais elle m'a dit de faire selon mes convictions. Je vote contre sans aucune hésitation. Je ne suis pas convaincu par la réforme, même si je peux l'être demain. Je crois aux mutualisations."
C'est aussi le message des députés UMP. "Même si, sur le fond, au niveau démographique, ça peut être positif, je ne peux pas voter quelque chose sans étude d'impact, assure le Biterrois Élie Aboud. On ne connaît pas encore les compétences des différentes collectivités. On nous demande de le faire à l'envers." Le Ruthénois et Midi-Pyrénéen Yves Censi juge au diapason qu'"on met la charrue avant les bœufs, la vraie question, ce n'est pas le périmètre de la région mais le type de gouvernance et les compétences".
ARNAUD BOUCOMONT Midi Libre