Malgré l'amendement d'une députée d'Aquitaine et celui de huit parlementaires de la région, l'Assemblée a déconstruit le travail du Sénat.
La réforme territoriale joue avec les nerfs de ceux qui pensent que le Languedoc-Roussillon doit rester une région autonome.
En juillet, l'Assemblée nationale l'a supprimé en votant la fusion avec Midi-Pyrénées, en octobre le Sénat rétablissait la carte à 15 régions mais dans la nuit de mercredi à jeudi 20 novembre
, deux amendements qui allaient dans ce sens ont été balayés par la grande majorité des présents (comme d'ailleurs tous les amendements visant à ramener à 15 le nombre de régions).
Le premier émanait d'une députée socialiste des Pyrénées-Atlantiques, Martine Lignières-Cassou, qui estime qu'une fusion Aquitaine/Midi-Pyrénées serait plus intelligente. Pendant la première partie de la nuit, les députés héraultais Kléber Mesquida et Christian Assaf, tous les deux socialistes, ont bataillé pour la soutenir avant de défendre leur propre amendement déposé par huit députés PS de l'Hérault et des Pyrénées-Orientales.
Kléber Mesquida a d'abord fustigé la précipitation : « Il ne s'est écoulé que quelques mois depuis l'annonce de la présente réforme ». Puis il a détaillé ce qui sépare les deux régions « qui se tournent le dos s'agissant de l'activité économique, des bassins de vie et des échanges ». Pour lui, il existe deux versants, « le versant atlantique où se trouvent le Tarn, le Tarn et Garonne et le reste de Midi-Pyrénées, et le versant méditerranéen où se trouve la région Languedoc-Roussillon. »
Christian Assaf a également demandé à l'Assemblée de réfléchir à une grande région du Sud-Ouest (« Bordeaux et Toulouse constituent une unité ») quand « seule une route à deux fois deux voies relie Montpellier et Toulouse ». « Je m'inquiète des infrastructures qui seront nécessaires pour que ces deux régions... parviennent à une certaine homogénéité ».
Le député UMP Pierre Morel A l'Huissier est allé dans leur sens, rappelant que son département, la Lozère, est à quatre heures et 300 kilomètres de Toulouse. « Si votre projet est voté en l'état, ce département devrait être représenté par deux élus régionaux. Quel pouvoir auront-ils dans une assemblée de 158 élus ?».
En revanche Sébastien Denaja, député PS héraultais, est très favorable aux grandes régions dont il estime qu'elles offriront « plus de cohérence et d'efficacité dans ce qui constitue le coeur de l'action régionale : le développement économique, les investissements d'avenir, la formation professionnelle et la transition écologique ».
Ce n'est pas l'avis de Fanny Dombre-Coste, co-signataire avec C. Assaf, K. Mesquida, F. Roig, A-Y Le Dain (Hérault) R. Olive P. Aylagas et. J. Cresta (P.O), d'un amendement de maintien de la région. Elle est inquiète des « risques pour Montpellier qui va perdre son statut de capitale régionale » et ne croit pas en un partage des pouvoirs. « Il n'y aura qu'une capitale, Toulouse, qui va nécessairement attirer tous les flux ».
Le vote solennel des députés aura lieu mardi, mais il est fort probable qu'à l'image de Fanny Dombre-Coste, la plupart des députés socialistes ne fassent que s'abstenir, pour ne pas voter contre le gouvernement qu'ils soutiennent. Restera alors un tout petit espoir : qu'un accord soit trouvé lors de la Commission mixte paritaire entre Sénat et Assemblée.
Si le texte revient à l'Assemblée qui a toujours le dernier mot, c'en sera fini du Languedoc-Roussillon.
Annie Menras
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