samedi 20 décembre 2014

A la Paillade, « un choix politique » qui tisse du lien social

Exposition de portraits de gens du quartier impliqués dans la vie du centre. Photo R.A.Exposition de portraits de gens du quartier impliqués dans la vie du centre. Photo R.A. 

Le centre social de la Paillade, qui fête cette année ses 40 ans, est le seul du département de l’Hérault géré directement par la CAF.

A l’entrée du centre social CAF de La Paillade, un arbre est planté. Depuis vendredi il est le symbole de ce lieu enraciné dans le quartier. 40 ans déclinés tout au long de l’année à travers 40 événements, avant qu’une cérémonie de clôture rassemblant habitants, partenaires associatifs et officiels, ne finisse le 19 décembre de souffler longue vie à cette oasis.
Quand les premiers habitants, essentiellement des rapatriés d’Algérie, emménagent dans le quartier en 1967, la Caisse d'Allocations familiales décide d’ouvrir un centre social. La Paillade est encore un vaste chantier où sont en train d’être construits 15 000 logements, notamment sociaux, destinés à accueillir 40 000 habitants. L’office HLM met alors à la disposition de la CAF un appartement, puis deux.
C’est en 1972 que la mairie propose un terrain pour construire le centre social, dont les locaux - 2100 mètres carrés répartis sur deux bâtiments - sont inaugurés deux ans plus tard, en 1974. 40 ans qui font un pont entre hier et aujourd’hui. Le visage du quartier n'est plus le même, mais le centre social a grandi et changé avec lui.
A la fois lieu d’activités et de loisirs, d’information et d’écoute ainsi que d’accompagnement social, «L’île aux familles», comme elle a été baptisée, tisse du lien entre solidarité, respect et tolérance. Avec, toujours, le soin d’impliquer les habitants, « jamais de faire à leur place », précise le directeur, Flavien Lafosse.
Un lieu atypique, souligne de son côté le directeur de la CAF de l’Hérault Thierry Mathieu, puisqu’il est « le dernier équipement de cette nature qui soit en gestion directe CAF ». Alors que la tendance est à inciter les caisses à se désengager de la gestion des centres sociaux, plus fréquemment confiée à des associations ou des municipalités, celui de La Paillade fait office de « Rolls Royce », souligne Jean-Michel Du Plaa, vice président du Conseil général délégué à la solidarité.

Bientôt des centres sociaux dans d’autres quartiers ?

« Un choix politique » revendiqué également par le président du Conseil d’administration, Guy-Charles Aguilar. « En 1945, au sortir de grosses difficultés, on a su voir où étaient les choses essentielles. On s’est dit que finalement, la sécurité, c’était au sein de sa famille qu’on la rencontrait d’abord, c’est là qu’on l’ancrait, qu’on en conservait les traces pour bâtir toute une vie. Lorsqu’au niveau de l’État on a été capable de retranscrire ces valeurs de la famille dans une des branches de la Sécurité sociale, on a beaucoup avancé », déclare-t-il avant de rendre un hommage appuyé aux personnes investies au quotidien dans cette aventure : « Avant d’être des professionnels, les gens qui animent ce genre de lieu sont des militants. (...) Ici on est dans l’affirmation qu’ensemble, on fait société. On n’est pas seulement des consommateurs. Et ça, c’est fondé sur le fait que nous distrayons des revenus de notre travail une partie de notre pouvoir d’achat pour les mettre en commun, créer de la vie sociale. C’est ça le centre social aussi. Mais cette Sécurité sociale, est-ce que nous saurons lui maintenir un avenir ? », interroge, lucide, Guy-Charles Aguilar. Qui revient à l’arbre fraîchement planté... « C’est beau, un arbre. Mais il n’aura de joli feuillage que si on respecte les racines qui l’alimentent. »
Un appel à la « responsabilité » des uns et des autres sur lequel le maire de Montpellier et président d’Agglomération Philippe Saurel a rebondi pour faire une annonce : « Il fut un temps où Montpellier possédait des centres sociaux dans ses maisons pour tous. En 2010, sous prétexte de réorganisation, ils ont été sortis et proprement annihilés. C’est une grande perte. Je me suis donc entendu avec le président de la CAF pour réinstaller ces centres sociaux dans certaines maisons pour tous de Montpellier, correspondant aux 12 quartiers prioritaires définis dans le cadre de la politique de la ville. » (lire HDJ du 18 décembre).
Une belle nouvelle car au fond, qu’importe l’âme du quartier, « l’objectif principal d’un centre social, c’est de favoriser le vivre ensemble. Qu’on soit cadre supérieur ou chômeur, on a tous à y gagner, ça n’est pas un besoin spécifique aux quartiers populaires, même si dans ces quartiers là, des difficultés viennent se greffer », estime Flavien Lafosse.
 Amélie Goursaud
http://www.lamarseillaise.fr/herault-du-jour/social/