samedi 19 août 2017

Laïcité pour moi, islamisme pour mon pays ! Par Amin Zaoui


Comme dans une jungle ! J’ai peur pour mon pays. La sédition el-fitna, il n’y a pas d’autre mot, fait jaillir sa tête. J’ai peur pour les enfants d’Algérie. Le monstre fait arborer ses crocs, et j’ai peur pour mon pays. Petit à petit, en douceur, en ruse, face au silence de l’État de droit, dans l’absence de la rigueur de l’État de droit, les islamistes salafistes, les islamistes aventuriers, les islamistes violents, les islamistes extrémistes, toutes les couleurs confondues, reprennent de l’espace. Les rongeurs reprennent les ailes ! Rongent la vie quotidienne des algériens. Rongent les rues des villes. Rongent les plages. Rongent les mosquées. Rongent l’espace politique. Rongent l’espace médiatique. Rongent la géographie. Rongent la langue. Rongent le rêve. Vident la vie de son souffle humain. Vident les visages de tout sourire. Ils s’imposent, s’installent sur tous les fronts. Partout ! Nous sommes comme dans l’avant-guerre. La presque-guerre. L’heure psychique annonciatrice de la tempête. Pour ne pas dire le déluge ! Après l’appel à l’exécution d’un écrivain, après l’insulte d’un film, après l’appel à la destruction du tableau Les femmes d’Alger de Picasso ! des imams réclament une police des mœurs. Un État religieux dans un autre républicain ! C’est la fitna, il n’y a pas d’autre mot, qui frappe à nos portes ! On prie sur les plages, prière collective et mixte ! comme un exercice pour prouver leur force ! J’ai peur pour mon pays ! La honte pour les martyrs, dans leur quiétude divine ! Il y a de cela quelques jours à Mostaganem, selon la presse algérienne, des anciens éléments de l’AIS (l’armée islamique du salut) ont organisé leur «université d’été» 2015 selon le calendrier grégorien, 1436 selon le calendrier de l’Hégire ! Ils ont osé, les barbus ! Les loups sont de retour dans la forêt ! La forêt est de retour dans la ville ! Comme dans une jungle ! Après Jijel, l’année dernière, les fantômes ont débarqué, cet été, à Mostaganem, ville mémoire du théâtre amateur ! Et j’entends les voix des fils de cette belle ville tirant la sonnette d’alarme. Les Mostaganémois, les poètes, les paroliers, les musiciens, les peintres, les cinéastes, les spirituels, et ils sont nombreux : Mohamed Khadda, Abdallah Benanteur (peintres), Sidi Lakhdar Benkhlouf et Cheikh Abdelkader Bentobdji auteur du poème Abdelkader Ya Boualem (poètes), Ould Abderrahmane Kaki, Si El Djilali Benabdelhalim, Djamel Bensaber (dramaturges). Cheikh Djilali Aïn Tadlès, Bouguirat, Maazouz Bouadjadj (musiciens), Kamel Daoud, Habib Tengour et Mansour Benchehida (écrivains), cheikh Bentounès (religieux), le réalisateur Mohamed Chouikh… La pollution idéologique, cet été, a touché à son plafond, à Mostaganem ! Et j’ai peur pour mon pays. Parce que nous sommes une société faite dans l’hypocrisie. Tous genres d’hypocrisie, politique, religieuse, culturelle, linguistique, sentimentale, conjugale, cérébrale, commerciale. Les islamistes du Maghreb comme ceux du Machreq appellent à la création d’un État islamique dans leurs pays fatigués par les corruptions, les fraudes, les mensonges, les maladies et en contrepartie rêvent de vivre dans un pays laïc et occidental ! L’histoire nous a appris que, dès que les islamistes sanguinaires sont chassés de leurs pays, au nom des droits de l’Homme, trouveront refuge dans les pays laïcs ! Chez l’Occident athée !, trouveront du pain chez les mangeurs de cochon ! Les plus durs des fanatiques, les plus durs des salafistes, les plus durs des chefs islamistes appellent à l’application de la charia islamique dans leurs pays et rêvent de vivre, eux et leurs enfants, dans un pays laïc. Et même dans ces pays laïcs d’accueil, profitant de la liberté d’expression, ces fanatiques sans respect aux valeurs de la démocratie, sèment le désordre et la peur universelle. J’ai peur pour mon pays, j’ai peur pour l’humanité, aussi.
Amin Zaoui 

Publié par Amin Zaoui  le 20-08-2015

Source : http://www.liberte-algerie.com/