lundi 15 décembre 2014

"Il est temps de crier haut et fort que les lieux de culte musulmans ne résument pas les attitudes politiques ou sociales des français de culture musulmane , que les imams ou responsables des associations cultuelles ne représentent en rien les musulmans." Boudjemaa LALIAM Président de l'observatoire de la laicité Observatoire de la laïcité montpellier languedoc-roussillon et d' Ensemble et Citoyens Pour Montpellier

"Il est temps de crier haut et fort que les lieux de culte musulmans ne résument pas les attitudes politiques ou sociales des français de culture musulmane , que les imams ou responsables des associations cultuelles ne représentent en rien les musulmans."
Boudjemaa LALIAM
Président de l'observatoire de la laicité Observatoire de la laïcité montpellier languedoc-roussillon et d' Ensemble et Citoyens Pour Montpellier

De l'Hérault au jihad en Syrie : la mosquée de Lunel ne condamne pas leur départ

De l'Hérault au jihad en Syrie : la mosquée de Lunel ne condamne pas leur départ
Vendredi matin, à la mosquée de Lunel.
DR

Lahoucine Goumri, président, parle à la demande du maire. Mais pas forcément pour dire ce que ce dernier attendait. 

Lahoucine Goumri, le président de l'Union des musulmans de Lunel, qui gère la mosquée El Baraka, a rompu le silence. Recevant quelques journalistes, dans le froid d'une mosquée encore vide en ce vendredi de prière. C'est à la demande du maire, Claude Arnaud, qu'il parle. Avant d'ajouter qu'avant, on lui avait demandé de ne pas s'exprimer.Il le répète : "La mosquée n'a rien à voir avec tous ces départs. Ce sont des départs individuels. Ils n'ont jamais concerté l'imam ou la mosquée. Les musulmans qui viennent à la mosquée sont des Lunellois et il n'y a aucun souci à Lunel. Il y a un problème à 6 000 km d'ici et on ne veut pas le ramener à Lunel."

La mosquée ne condamnera pas

L'homme veut apaiser. Condamne-t-il pour autant les départs des jeunes de Lunel en Syrie ? "C'est leur choix. Je n'ai pas à les juger. Seul Dieu les jugera. Si on doit condamner quelque chose, il faut condamner ce qui est condamnable. Pourquoi condamner ces jeunes qui sont partis au nom d'une injustice en Syrie et pas ces Français qui sont partis et ont tué des bébés palestiniens avec Tsahal l'été dernier ? Pourquoi est-ce qu'une mosquée condamnerait, alors que les autres religions ne le font pas ?" Le président ne voit donc également pas pourquoi il ferait acte de prévention auprès des autres jeunes : "Je ne vois pas pourquoi je ferais un message, si dix personnes sont parties sur 6 000 musulmans, soit 0,04 % ? Les autres jeunes, ils ne partent pas. Pourquoi je parlerais aux jeunes ? Tous les Lunellois ne sont pas dans le délire de la Syrie." Pour lui, s'il doit y avoir prévention ou fermeture de site internet, c'est à l'État d'agir. Dès lors, quid des 0,04 % : Raphael, Houssem, Sabri, Hamza, Karim ? Les connaissait-il ? "Certains venaient à la mosquée, d'autres pas. Ils étaient gentils, intégrés, serviables, doux, bien éduqués. C'est un étonnement qu'ils soient partis." D'ailleurs, se l'explique-t-il ? "Il n'y a rien à comprendre. Ils se connectent sur internet, ils prennent un billet d'avion." Et d'ajouter que les intentions sont différentes selon les gens : jihad, raison politique...

Des nouvelles d’Ahmed, Maeva et de Syrie

Le responsable de la mosquée de Lunel explique n’avoir "ni compte Twitter ni compte Facebook. C’est une autre génération". Mais il sait néanmoins très bien ce qui se dit sur les réseaux sociaux. Et quelles sont les nouvelles des autres jeunes Lunellois toujours en vie en Syrie. Il confirme ainsi qu’Ahmed, au départ donné pour mort et pleuré par les siens, aurait été blessé, mais serait toujours vivant. Il confirme aussi le fait que Maeva, qui avait indiqué vouloir rentrer et qui demandait de l’aide après la mort de son mari, en octobre, ne le souhaiterait plus. Son explication ? "Elle n’a plus de famille ici. Ses parents l’ont mise dehors quand elle s’est convertie. Là-bas, elle touchera une pension pour les veuves. Rentrer. Rentrer pour quoi ? Peut-être qu’elle ne voit pas ce qu’elle vivrait de plus en France. Sans doute que sa vraie famille est là-bas, au milieu des musulmans."
Lahoucine Goumri conseille par ailleurs de lire le journal sorti par le groupe État islamique pour mieux s’informer sur ce qui se passe là-bas. Alerte aussi sur le contenu de certains sites "plus nuisibles que les journalistes", qui utilisent des mots dangereux. Lorsqu’on lui demande, enfin, devant sa visible très grande information sur ce qui se passe là-bas, comment il analyse la situation très complexe que connaissent actuellement la Syrie et le Moyen-Orient, il refuse cependant de commenter davantage, au nom de la mosquée : "C’est une situation très floue. Nous, on ne veut pas comprendre. C’est de la géopolitique."
"La plus grosse filière jihadiste, c'est François Hollande"
Lahoucine Goumri souhaite alors donner son avis personnel - il insiste sur ce dernier point : "La plus grosse filière jihadiste, c'est François Hollande. À mon avis, ces jeunes ont été poussés à partir dès mars 2011, lorsque François Hollande a dit que Bachar El Assad est un boucher et un criminel. Ces jeunes sont partis pour combattre une injustice. Ils ont été bombardés de vidéos sur internet. Ils ont vu des vidéos horribles. Ils n'ont pas accepté." Puis il remet son habit de dirigeant de la mosquée : selon lui, son rôle est d'aider les familles dans leur douleur, leurs "déchirements. Elles ne sont pas forcément d'accord avec ce qu'ils ont fait". La mosquée est un lieu de "culte pour apprendre notre religion, comment adorer notre seigneur". Et de redire aussi que "Lunel est une petite ville tranquille. Nous n'avons aucun souci. On ne veut pas qu'à travers ce qui se passe, les gens stigmatisent et qu'ils aient peur". En janvier 2015, la mosquée aura en tout cas un nouveau président. Des élections y sont en effet prévues tous les deux ans. Lahoucine Goumri ne se représente pas. Cela aurait été un moyen de savoir si les fidèles partageaient son discours.
source :http://www.midilibre.fr/2014/12/12/jihad-en-syrie-la-mosquee-de-lunel-brise-le-silence,1097313.php
Ecoutez un extrait de l'interview de Lahoucine Goumri (France Bleu)