Manuel
Valls à l'hommage au victimes du 13 novembre aux Invalides, le 27 novembre. MIGUEL
MEDINA / AFP
Manuel Valls, qui avait peu placé le débat après les
attentats du 13 novembre sur la société française, a estimé vendredi
27 novembre, lors
d’un dialogue avec quelque 400 citoyens et élus dans son ancienne
mairie d’Evry (Essonne), en banlieue parisienne, que ces attaques devaient engager à« reconstruire
une grande partie de la République. L’école, patiemment, les quartiers,
patiemment », a-t-il énuméré, et donner lieu « à
un sursaut républicain majeur ».
M. Valls a répondu à des
critiques émises à gauche et au sein des associations de défense des
droits de l’Homme, qui jugent l’action gouvernementale engagée depuis les
attentats trop sécuritaire et attentatoire aux libertés. « Il n’y
a pas d’un côté une réponse sécuritaire, et de l’autre une réponse sociale ou
une réponse qui protégerait les libertés », a-t-il affirmé.
« Nous avions apporté beaucoup de diagnostics et un
début de réponse après les attentats de janvier », a souligné le
premier ministre, qui avait dénoncé quelques jours après les attaques de Charlie
Hebdo et de l’Hyper Cacher de
Vincennes, entre autres « maux qui rongent notre pays, (…) un
apartheid territorial, social, ethnique ».
Pas de mesures choc de politique de
la ville
Ce constat, qui appelait des mesures de politique de la ville, avait été
reformulé dans une série de mesures annoncées le 6 mars en comité
interministériel. A 15 jours de la défaite des élections départementales, le
gouvernement proposait une loi« égalité et citoyenneté » censée toucher tous les
territoires fragiles, y compris les zones rurales, sans mesures chocs en
direction des quartiers populaires. Annoncé sans grands moyens financiers –
1 milliard d’euros sur trois ans –, il devaitêtre présenté en fin
d’année en conseil des ministres pour un débat au parlement au printemps 2016.
Service civique, affirmation de la laïcité dans les services
publics, renforcement de la maîtrise de la langue française en maternelle et
primaire, diversification de l’accès à la fonction publique, création d’un
label de « grande école du numérique »,prolongement du
dispositif des zones de sécurité prioritaires (ZSP)… Au milieu d’un vaste
catalogue de mesures, le gouvernement entendait notamment réformer le
système d’attribution des logements sociaux, devenu illisible et obsolète.
Lire le décryptage : Logements
sociaux : un système à bout de souffle et difficile à réformer
En octobre à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), François Hollande avait
par la suite lancé l’agence nationale pour le développement économique, une
structure prévue par les mesures annoncées le 6 mars. Encore en
construction, elle doitcoordonner des
dispositifs déjà existants pour aider les
entrepreneurs des quartiers et d’autres territoires.
Lire le compte-rendu : Opération
de charme à La Courneuve pour François Hollande
Vendredi à Evry, M. Valls a estimé que la
reconstruction républicaine qu’il juge nécessaire était « l’affaire
d’une génération ». Il a par ailleurs de nouveau évoqué sa
volonté de ne pas chercher des « excuses » aux
auteurs des attentats. « Ce n’est pas parce qu’un jeune est dans
la galère, d’origine immigrée » et vivant dans un quartier
confronté à l’islamisme radical, qu’il « devient un terroriste ou un
voyou », a-t-il lancé.
source : http://www.lemonde.fr/