Le FN rêve de jouer les censeurs à Montpellier !
"Golgota picnic" de Rodrigo Garcia fait partie des spectacles qui sont sujets à polémiques. Photo DR Polémique autour des choix artistiques du nouveau directeur du Théâtre des Treize vents et des Boutographies.
Si la preuve du manque de tolérance du parti à la flamme n'est plus à faire, le groupe municipal d'extrême droite a pris le soin de rappeler l'étroitesse d'esprit du Front national. A deux reprises jeudi soir, deux élues FN se sont drapées dans leurs plus beaux habits puritains pour dire leur indignation vis-à-vis des spectacles où le sexe est utilisé comme un objet de transgression.
Première polémique : les choix artistiques du nouveau directeur du Théâtre des Treize vents de Grammont dont le bâtiment conservera son nom même si Philippe Saurel consent à ce que Rodrigo Garcia utilise le nom de sa compagnie "Humain trop humain" pour ses spectacles. "Il s'agit d'une provocation. La spécialité de Rodrigo Garcia c'est la démesure", dénonce France Jamet déplorant que ce "sulfureux personnage" ait été nommé le 1er janvier dernier par la ministre Aurélie Filippetti sur les conseils de Nicole Bigas de l'ancienne majorité à l'Agglo.
Et l'élue FN d'opposition, volontairement dans la caricature, de fustiger les programmations avec "mise à mort d'animaux, gaspillage de nourriture ou mise à nu d'acteurs". "Il y a même un spectacle où à la fin on recouvre les spectateurs du premier rang d'une bâche pour que les acteurs puissent leur faire pipi dessus. Tout cela avec l'argent du contribuable !"
Éclats de rires dans l'hémicycle. Suivis d'une mise au point de l'adjoint à la culture Cédric de Saint Jouan saluant "l'arrivée de troupes d'envergure internationale".
La caricature permanente du FN
Mais le FN, décidément bien renseigné sur ces questions, ne tarde pas à revenir à la charge. Et l'élue Audrey Lledo, tout juste majeure, de brandir à son tour une photo du festival des Boutographies représentant le portrait d'un homme avec un sexe dans la bouche. "Voyez ce que la Ville achète. Où voulez-vous mettre celle-ci monsieur Saurel, dans votre bureau ?" Lequel ne se démonte pas. "Ce week-end, si vous n'avez rien à faire, je vous emmènerai au musée Lattara où vous verrez des pots en céramique rouge sur lesquels vous pourrez voir des scènes bien plus osées que celle là". Et le maire de rappeler qu'au delà des goûts de chacun, la liberté artistique n'a pas de prix. "L'art a toujours transgressé les limites, bousculé les consciences. Sinon on vit dans une société aseptisée." Une opinion partagée par le socialiste Michael Delafosse. "Les attaques contre la culture, on les connaît à travers l'Histoire. Or, on assiste à un retour de la censure dans les villes FN où les maires voudraient choisir les artistes."
Rémy Cougnenc
source : l'Hérault Du Jour