Spectatrice en niqab : ce qu'il s'est passé à l'opéra Bastille
Une femme portant un voile recouvrant ses cheveux, son nez et sa bouche a été priée de quitter une représentation de la "Traviata" à l'opéra Bastille.
Le port du niqab est interdit en France dans les lieux publics, depuis la loi du 11 octobre 2010. (STR/AFP)
C'est une scène inédite qui s'est jouée à l’opéra Bastille, à Paris le 3 octobre dernier. Venu assister à une représentation de "La Traviata" de Verdi, un couple de touristes originaires d'un pays du Golfe a dû quitter la salle. La spectatrice portait un niqab, voile qui ne laisse apparaître que les yeux. Or depuis octobre 2010, il est interdit d'avoir le visage dissimulé dans un lieu public. Que s'est-il passé exactement ce soir là ? "L'Obs" revient sur l'affaire.
# Que dit la loi ?
Je n’aime pas l’idée qu’on demande à un spectateur de sortir mais c’est la loi", explique Jean-Philippe Thiellay à "Metronews".
L'opéra Bastille est considéré comme un service public. Or la loi du 11 octobre 2010 dispose que "nul ne peut, dans l'espace public, porter une tenue destinée à dissimuler son visage", sous peine d'une amende d'un montant maximum de 150 euros et d'un stage de citoyenneté.
Les deux touristes ont donc été obligés de quitter les lieux. La circulaire du 2 mars 2011 précise par ailleurs la marche à suivre dans ce type de situation.
# Comment la spectatrice est-elle entrée dans l'Opéra ?
Assise juste derrière le chef d'orchestre, la spectatrice portait un voile clair, lui couvrant le cou, les cheveux, la bouche et le nez.
Elle est rentrée sans que personne ne la remarque, je ne sais pas comment", explique le directeur adjoint de l'Opéra, Jean-Philippe Thiellay, cité par "Metronews".
Les agents de sécurité d'un service public sont autorisés "à refuser l'accès à toute personne dont le visage est dissimulé", selon la circulaire de mars 2011.
Son entrée n'a visiblement pas retenu l'attention puisque la spectatrice était déjà installée dans la salle lorsque le personnel a pris connaissance de la situation, via les écrans de contrôle de l'opéra.
# Comment a-t-elle été mise à la porte ?
A l’entracte, plusieurs choristes, ayant aperçu la spectatrice au visage voilé, ont fait part de leur volonté de ne pas poursuivre le spectacle. Jean-Philippe Thiellay a alors donné des instructions à un agent d’accueil pour demander à la spectatrice de se dévoiler ou de quitter les lieux. Un agent d'accueil, qui n'a pu s'adresser qu'au mari de la spectatrice, a alors convaincu le couple de sortir, avant que le spectacle ne reprenne son cours.
# Un cas fréquent ?
Selon les données publiées par l'Observatoire de la laïcité dans son rapport annuel, publié en mai 2014, 812 condamnations ont été enregistrées depuis l'entrée en vigueur de la loi.
Mais un tel incident "ne s'était jamais présenté" auparavant à l'opéra Bastille, indique Jean-Philippe Thiellay à "Metronews". Pour une première, l'établissement a eu de la chance : le couple de spectateurs est parti sans demander son reste. Les deux touristes avaient pourtant réservé les places les plus chères : "231 euros par personne", confie un salarié, cité par "Metronews".
J.M. - Le Nouvel Observateur