Le Languedoc-Roussillon a été enterré à l’Assemblée dans la nuit de mercredi à jeudi.
Le Languedoc-Roussillon a été enterré à l'Assemblée dans la nuit de mercredi à jeudi, dans l'indifférence générale, en petit comité.
Le Languedoc-Roussillon a été enterré à l'Assemblée dans la nuit de mercredi à jeudi, dans l'indifférence générale, en petit comité.
Le Languedoc-Roussillon a été enterré dans la nuit de mercredi à jeudi, à 1 h 04 du matin, dans l'indifférence générale. Ils n'étaient plus qu'une quarantaine, peut-être - sur les 577 députés que compte l'Assemblée nationale - pour ces obsèques en catimini. Car s'il faudra attendre mardi pour le vote solennel de la loi, c'est bien l'article premier qui était voté cette semaine, celui instituant la nouvelle carte des régions, dont le compteur est désormais bloqué à treize. Le Languedoc-Roussillon - un mot qu'il va falloir se sortir de l'esprit - s'est évaporé jusqu'au bout... Ce jeudi matin, pas de trace du vote au sein de l'hémicycle sur le site internet de l'Assemblée nationale ! Un bug informatique - rétabli dans la journée - privait des débats les internautes. L'épidémie de discrétion a poussé le vice jusqu'à faire une fleur aux députés absents : personne n'ayant demandé un scrutin public, le vote s'est fait à main levée, sans que le nom des votants, et leur choix, n'apparaisse. On distingue donc à l'écran, sur le site de l'Assemblée, une poignée de parlementaires votant contre la nouvelle carte des régions, mais dans un océan de sièges vides et peu après une trentaine de votes favorables.
"Je me suis retrouvé très seul"
Pierre Morel-à-l'Huissier, député UMP de Lozère, soutient qu'il fut des derniers résistants : "Je me suis retrouvé très seul. A l'UMP, Fernand Siré était favorable à la fusion, et Élie Aboud je ne l'ai pas vu. Il n'y a que moi qui aie défendu l'identité du Languedoc-Roussillon." Le Lozérien dénonce "l'autisme total du gouvernement" sur la question. Et il est rejoint par le député PS montpelliérain Christian Assaf. "On n'a pas été entendus, on a même été méprisés. Si ce n'est pas un sujet pour le gouvernement, qu'il ne compte pas sur mon vote." Il s'opposera à la fusion, mardi, lors du vote solennel. Les jeux étaient faits, faut-il comprendre. Et Assaf, comme beaucoup d'autres, n'est même pas resté jusqu'à la fin, jusqu'à 1 h 04 du matin. Il a quitté l'hémicycle quelques minutes plus tôt, comme Kléber Mesquida, qui a défendu au micro l'amendement déposé par huit parlementaires PS de la région : les députés de l'Hérault (à l'exception de Denaja et Vignal) et des P-O. Aucun Gardois ni aucun Audois n'ont souhaité s'associer à leur démarche. La députée narbonnaise Marie-Hélène Fabre a même pris la parole en séance pour s'y opposer : "Je ne veux pas laisser passer cette chance historique (...). La région sera plus grande, plus efficace, plus attractive. Les deux régions actuelles ont d'ailleurs très longtemps formé une seule et même province." On ne revient effectivement ni plus ni moins, à quelques nuances près notables tout de même, qu'à l'ancienne province du Languedoc, réunion de généralités de Toulouse et de Montpellier, sous l'Ancien Régime, au XVIIIe siècle.
" Détricotage "
Les députés écologistes devraient voter contre le projet de loi, mardi prochain, alors qu’ils s’étaient abstenus en première lecture. Ils regrettent que les conditions du droit d’option, qui permet à un département de rejoindre une autre région, n’aient pas été assouplies. Le FN a quant à lui parlé de " détricotage de la France ". Quant à Nicolas Sarkozy, candidat à la présidence de l’UMP, il a annoncé son intention d’abroger la loi s’il revenait au pouvoir.Une région Languedoc-Roussillon au périmètre inchangé ne compterait plus que pour du beurre
On est loin, en tout cas, du cheval de bataille enfourché par le défunt président de Région Christian Bourquin. Son successeur, Damien Alary, a fait mine de poursuivre la cavalcade mais il est vite, ce jeudi, descendu de cheval. Les soldats-députés, malgré leur baroud d'honneur du dernier amendement, avaient rendu les armes depuis plusieurs semaines. "La plupart des députés socialistes de la région savaient que c'était plié", confirme Jacques Cresta, député PS des Pyrénées-Orientales. Et beaucoup craignaient, qui plus est, sans le dire fort, qu'une région Languedoc-Roussillon au périmètre inchangé ne compte plus que pour du beurre. Les députés alsaciens seront donc montés au créneau. Très peu ceux d'ici. La petite histoire retiendra que c'est même un député PS languedocien, le Sétois Sébastien Denaja, qui était responsable du groupe socialiste sur ce texte... "Il fallait une grande région entre le sud-ouest, rassemblant l'Aquitaine, le Limousin et Poitou-Charente, et le sud-est autour de Paca, soutient-il. C'est la réunion de Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées."Pour le premier rendez-vous, il n'y avait pas grand monde. Mais l'heure n'était pas très raisonnable : il était 1 h 04.
Union, pas fusion
Le président (PS) du Languedoc- Roussillon, Damien Alary, est toujours hostile à la fusion avec Midi-Pyrénées mais il évolue, du moins d’un point de vue sémantique : " La fusion, ça brûle. Je préfère parler d’union. Je suis contre ce rapprochement entre nos régions mais je suis aussi légaliste. Quand une loi est votée, on s’y conforme. Je continuerai à me battre pour le Languedoc- Roussillon dans le cadre de l’union ", dit-il. Prochain terrain de ce combat : l’Élysée où Alary sera reçu le 8 décembre par François Hollande. Au menu : les conditions de l’union et l’avenir politique du nouveau territoire.
ARNAUD BOUCOMONT Midi Libre