vendredi 21 novembre 2014

Quelles seront les capitales des nouvelles régions de France ?



Proposition du nouveau découpage régional.

La bataille parlementaire qui a abouti à la réduction du nombre de régions métropolitaines de vingt-deux à treize est à peine terminée qu’un nouveau front s’ouvre : quelles seront les capitales de ces nouvelles régions ?

En théorie, « le chef-lieu définitif de la nouvelle région [sera] pris par décret en Conseil d’Etat avant le 1er juillet 2016 après avis du conseil régional » de la nouvelle région, est-il écrit dans le texte tout juste voté par les députés. Pourtant, les tractations ont déjà commencé, voire abouti, comme c’est le cas dans la grande région Est réunissant l’Alsace, la Lorraine et la Champagne-Ardenne.

Strasbourg, déjà capitale à l’Est


Cette nouvelle entité s’étendra des frontières est de l’Ile-de-France jusqu’à l’AllemagneMetz, la préfecture de Lorraine, apparaît comme l’agglomération géographiquement centrale de cet immense territoire et pourrait prétendre à endevenir la « capitale ». Les élus alsaciens ont vu le danger et ont eu gain de cause.
« Je ne peux accepter que Strasbourg, avec son statut européen, appartienne à une région dont elle ne serait pas la capitale », avait prévenu Roland Ries, maire socialiste de Strasbourg, alors que le gouvernement dessinait la nouvelle carte des régions, résumant la position des élus alsaciens de gauche comme de droite.
Un coup de pression parmi d’autres qui a porté ses fruits. Les députés se sont empressés, jeudi 20 novembre, de désigner la ville comme capitale de la future grande région pour apaiser la grogne, aux dépens de Metz et de Châlons-en-Champagne, qui sont donc les deux perdantes du lobbying alsacien.

Strasbourg, où siège le parlement européen, conservera ainsi la préfecture de région. Le lieu de l’hôtel de région restera en revanche déterminé par le conseil régional, tout comme celui où se tiendront les réunions du conseil régional. « Maisdisperser les lieux de pouvoir est une mauvaise idée, l’échec du référendum alsacien pour une collectivité unique l’a déjà démontré », observe Alain Fontanel, premier adjoint au maire de Strasbourg et secrétaire national aux fédérations du Parti socialiste « Affaiblir Strasbourg au niveau régional, c’est l’affaiblir sur un plan européen », conclut-il.

Lyon et Bordeaux, grandes favorites


Sur la liste des villes qui perdront leur statut de capitale régionale figure égalementClermont-Ferrand en Auvergne, qui pèse de peu de poids face à la métropole lyonnaise. Idem pour Limoges (Limousin) et Poitiers (Poitou-Charentes) qui, selon les mots d’un conseiller ministériel, « ne sont pas en mesure de disputer le leadership à Bordeaux », qui deviendra capitale de cette grande région du Sud-Ouest.
Dans le futur Nord-Pas-de-Calais-Picardie, c’est sans surprise Amiens qui devrait s’effacer devant la mairie de Lille, de Martine Aubry. Les métropoles devraient donc être les gagnantes du redécoupage régional.

Rouen capitale normande ?


Les deux Normandies, Haute et Basse, fusionnent. Mais de Caen et de Rouen, quelle agglomération décrochera le titre de capitale ? Hervé Morin, député UDI de l’Eure et défenseur de l’union des Normandies, se prononce pour un jugement de Salomon, soit un système qui partagera les administrations entre les deux villes,« avec la préfecture à Rouen et le conseil régional à Caen… Ou l’inverse », prône-t-il. Mais Rouen pourrait tenir la corde, « Laurent Fabius, élu de Seine-Maritime et ministre des affaires étrangères, a de l’influence au sein du gouvernement », rappelle un élu socialiste.
Quant à la future région Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon« personne n’imagine que la capitale ne soit pas Toulouse », indique un connaisseur du dossier. L’opposition au projet du conseil régional du Languedoc-Roussillon présidé par le socialiste Damien Alary n’y changera rien. D’autant moins que le maire de Montpellier, Philippe Saurel (DVG), voit la fusion des régions comme une« opportunité » pour le développement économique de son territoire. Les dés sont jetés.
Reste encore à désigner la capitale de la future région Bourgogne-Franche-Comté. Dijon, ville dont François Rebsamen, ministre du travail, proche deFrançois Hollande, a été maire de 2001 à 2014, tiendrait la corde contre Besançon.

Les régions, sujets de campagnes électorales


A quelques mois des scrutins départementaux et régionaux qui s’annoncent périlleux pour la gauche, le gouvernement s’inquiète du mécontentement et du sentiment de déclassement que ne manqueront pas d’occasionner ces futurs arbitrages. « La notion de capitale doit évoluer. Les administrations territoriales ne doivent plus se trouver à un endroit unique. Le redécoupage doit s’accompagner d’une décentralisation des services de l’Etat et de ceux des régions au plus près de la population », indique un conseiller ministériel. Toutefois, cette nouvelle carte des infrastructures administratives devra être dessinée « en bonne intelligence par les élus locaux », souligne-t-il. Alors que les mois de discussions sur l’établissement de cette nouvelle carte régionale n’ont cessé de révéler les égoïsmes et les rivalités locales.
Un état de fait parfaitement compris par Nicolas Sarkozy. Le candidat à la présidence de l’UMP, qui tenait un meeting mercredi 19 novembre à Mulhousedans le cadre de sa campagne, a opportunément promis, s’il revient au pouvoir, de « défaire » la nouvelle carte.