mardi 25 novembre 2014

Toulouse bloque une expo dénonçant les violences faites aux femmes



Image extraite de l'album de Thomas Mathieu,
Image extraite de l'album de Thomas Mathieu, "Les Crocodiles". (Les Crocodiles )
BANDE DESSINÉE 

Des planches tirées de la bande dessinée «Les Crocodiles» devaient être affichées dans un square. Trop vulgaires, a jugé la mairie.

Après l’exposition Zizi sexuel il y a un mois, une nouvelle polémique touche la bande dessinée. Une exposition, prévue ce mardi 25 novembre à Toulouse, à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, n’a pas vu le jour. Destinées à sensibiliser les visiteurs au harcèlement de rue, les quinze planches qui devaient composer l’exposition sont extraites de la bande dessinée Les Crocodiles, de l’auteur belge Thomas Mathieu.
Les planches devaient être reproduites puis exposées dans le cadre d’un carrefour-rencontre entre les habitants de Toulouse et certaines associations de lutte contre les violences faites aux femmes. En plein square Saint-Charles, animations et expositions sont 
proposées tout au long de cette journée. Il y a deux mois, l’élue en charge du projet, Julie Escudier (UMP), recevait une vingtaine de projets à examiner, dont celui de Thomas Mathieu.
Le projet atterrit un mois plus tard dans le bureau de la commission Cohésion sociale de Toulouse Métropole. Il est annulé à ce moment. Les élus socialistes, favorables au projet depuis le départ, ne cachent pas leur déception et affirment avoir entendu l’élue UMP Laurence Katzenmayer dénoncer la «vulgarité» et le«caractère immoral» de la BD. Cette dernière se défend dans Le Monde «Si les échanges durant cette réunion ont bien porté sur le caractère provocateur et parfois vulgaire de certains textes, je n’ai jamais parlé d’immoralité pour indiquer mes réserves sur ce projet.»
L’incident prend alors une tournure politique car UMP et PS ne perçoivent pas les dessins de la même manière. «Nous considérons qu’il n’est pas nécessaire de heurter pour faire campagne contre les violences faites aux femmes»confie Julie Escudier à la Dépêche du Midi. Mais les socialistes ne sont pas d’accord. «Certains arguments sont infondés et ne peuvent justifier ce qui s’apparente à de la censure»,écrivent-ils au maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, selon des propos rapportés par le quotidien régional. Eux, sont plus sensibles à la dimension pédagogique de la bande dessinée. Après avoir présenté une succession de scènes de harcèlement, inspirées de faits réels et dans lesquelles les prédateurs sont représentés par des crocodiles, la BD propose en effet des conseils pour se tirer de ce genre de situations.
Parmi les planches initialement sélectionnées, deux auraient pu choquer certains élus, selon Le Monde. La première traite de la lesbophobie et met en scène deux femmes qui s’embrassent dans la rue avant de se faire verbaliser par un passant.«Hey les lesbiennes vous voulez ma bite dans votre cul?».
Image extraite de l&squot;album de Thomas Mathieu, "Les Crocodiles". | LE LOMBARD/THOMAS MATHIEU
La seconde reprend également un sujet tabou, celui du viol conjugal, en décrivant la sodomie forcée d’une femme par son conjoint.
Image extraite de l&squot;album de Thomas Mathieu, "Les Crocodiles". | LE LOMBARD/THOMAS MATHIEU
Image extraite de l&squot;album de Thomas Mathieu, "Les Crocodiles". | LE LOMBARD/THOMAS MATHIEU
Amel CHETTOUF
http://next.liberation.fr/