Le suspense aura été de courte durée. Jean-Christophe Lagarde a été élu président de l’UDI, jeudi 13 novembre, avec une large avance de voix (1 310 bulletins de différence) sur son adversaire, Hervé Morin.« Ma première responsabilité consiste à créer après les frictions occasionnées par toute campagne interne, les conditions de l’unité », a déclaré le successeur de Jean-Louis Borloo. « A mon concurrent arrivé second, j’adresse mon salut fraternel et je tends la main », a-t-il ajouté. Hervé Morin s’est quant à lui contenté de « prendre acte » du résultat.
« C’est un beau parleur et un redoutable homme de réseaux, explique-t-on dans l’entourage du candidat malheureux. Maintenant, on s’attend à ce que toutes les instances du parti soient verrouillées et qu’il mette tout en place pour que l’UDI reste sous son contrôle même si cela veut dire prendre le risque de faire disparaître le parti ». Les déçus vont même jusqu’à soupçonner Jean-Louis Borloo d’avoir manœuvré en sous-marin pour faire élire le député-maire de Drancy afin de se positionner en recours au cas où il ne parvienne pas à rassembler... A la manière de Sarkozy ? « Exactement », nous dit-on. Ça promet !
Jean-Christophe Lagarde, encore peu connu du grand public, a le parcours du parfait apparatchik qui a su s’implanter très tôt dans la galaxie centriste. D’abord en s’engageant au sein du mouvement des jeunes du Centre des démocrates sociaux (CDS) – il était responsable des JDS de Seine-Saint-Denis – puis en faisant campagne pour Raymond Barre, en 1988. Une première étape qui le conduira à soutenir Edouard Balladur à l’élection présidentielle de 1995. Mais l’ambitieux et atypique militant du 93, qui prendra un temps les fonctions d'assistant parlementaire du député du Nord, Marc-Philippe Daubresse, fait aussi campagne pour sa pomme. En témoignent ces images tournées par les caméras d’Envoyé spécial à la veille des municipales de 1995 à l'issue desquelles il échouera finalement face au communiste Maurice Nilès :
Vient ensuite la présidence des jeunes UDF. Elu en 1996, il quitte son mandat en 2001, année où le conseiller municipal d’opposition de Drancy reprend la ville aux communistes. Il n’a que 33 ans.
Sans faire de bruit, il tisse son réseau et installe son fief, secondé par son vieux copain rencontré chez les jeunes démocrates sociaux, le sénateur Vincent Capo-Canellas. Quand ce dernier, directeur de cabinet du maire du Bourget, Frédéric Gailland (1995-2001) quitte ses fonctions peu de temps après pour aller au cabinet du ministre de la Culture, Philippe Douste-Blazy, c'est Lagarde qui prend sa place. « Il était assez direct, ne perdait pas de temps, connaissait bien les circuits », se rappelle Frédéric Gailland, aujourd'hui en retrait.
Ses fonctions de maire, Lagarde les cumule avec celles de conseiller général de Seine-Saint-Denis, de conseiller régional et... de député suite à sa victoire aux législatives de 2002. Une consécration pour le petit mec de Drancy qui a arrêté ses études d'histoire en cours de route pour se consacrer à son unique passion, la politique.
Alors qu’il a activement soutenu François Bayrou aux présidentielles de 2002 et 2007, le cumulard met les voiles juste après la défaite de 2007, pour rejoindre le Nouveau centre, parti qu’il quittera avec pertes et fracas en 2012. « Lagarde, c’est une longue histoire de trahisons », estime un ancien camarade de lutte au CDS, Hervé Torchet, resté fidèle à François Bayrou.
Lagarde comprend qu'il a besoin de sa propre écurie pour peser afin d'arracher le leadership au centre. Il fonde son micro-parti, Force européenne démocrate (FED), en juillet 2012. Cette discrète mais puissante entité affiche très vite une belle santé financière. En 2013, 98 110 euros entrent dans les caisses pour les seuls « dons de personnes physiques » (contre 41 315 euros en 2012) et 59 330 euros pour les cotisations des adhérents (contre 48 095 euros l'année précédente)... Pour qui veut comprendre la victoire de Lagarde hier soir, il faut donc saisir à quel point la FED, qui compte officiellement plus de 5 800 adhérents, est un rouage essentiel.
Parmi ses membres, on trouve le député-maire d’Issy-les-Moulineaux, André Santini, l’ancien garde des sceaux, Michel Mercier, le sénateur-maire de Meudon, Hervé Marseille ou encore le sénateur-maire du Bourget et trésorier de la FED... Vincent Capo-Canellas. Mais on trouve également de très nombreux élus, notamment dans 93, à l'instar du nouveau maire de Bobigny, Stéphane de Paoli.
Présenté comme un symbole du « centre conquérant » (le slogan de campagne de Lagarde) en faisant tomber un bastion communiste depuis près d'un siècle, De Paoli est vite devenu un handicap pour son puissant voisin. Les liens entre les deux hommes – Lagarde s'est personnellement investi lors de l'élection municipale de Bobigny – et les soupçons de clientélisme que Marianne a rappelés à plusieurs reprises dans ses colonnes, notamment suite à « l’affaire Sabrina Saidi », nous valent d’être poursuivi par le nouveau président de l’UDI pour diffamation.
Parmi ses membres, on trouve le député-maire d’Issy-les-Moulineaux, André Santini, l’ancien garde des sceaux, Michel Mercier, le sénateur-maire de Meudon, Hervé Marseille ou encore le sénateur-maire du Bourget et trésorier de la FED... Vincent Capo-Canellas. Mais on trouve également de très nombreux élus, notamment dans 93, à l'instar du nouveau maire de Bobigny, Stéphane de Paoli.
Présenté comme un symbole du « centre conquérant » (le slogan de campagne de Lagarde) en faisant tomber un bastion communiste depuis près d'un siècle, De Paoli est vite devenu un handicap pour son puissant voisin. Les liens entre les deux hommes – Lagarde s'est personnellement investi lors de l'élection municipale de Bobigny – et les soupçons de clientélisme que Marianne a rappelés à plusieurs reprises dans ses colonnes, notamment suite à « l’affaire Sabrina Saidi », nous valent d’être poursuivi par le nouveau président de l’UDI pour diffamation.
Grâce à son association politique, Jean-Christophe Lagarde a fait le plein de voix en Seine-Saint-Denis, plus important vivier d’électeurs UDI en France. Ses adversaires n'ont pas manqué de le souligner dés le lendemain du 1er tour : « Jean-Christophe Lagarde est très majoritairement le candidat de la Seine-Saint-Denis et de la ville de Drancy dont il est maire, écrivait sur son blog le directeur de campagne de Morin, Jean Dionis. Sur les 5 888 voix récoltées par Jean-Christophe Lagarde au 1er tour, 2 192 (soit 37 % de son total national !) l’ont été dans le seul département de Seine-Saint-Denis et 1 377 (soit 23 % de son total national !) à Drancy ».
Un article signé de l’AFP a d’ailleurs mis en lumière comment cela a pu se passer dans le fief de « JCL ». Des commerçants racontent par exemple qu’ils ont fait voter toute leur famille sans trop savoir pour quoi, sinon pour rendre service à leur maire... Des adhérents pas forcément très impliqués, donc. Et c’est probablement l’une des raisons pour laquelle la garde rapprochée du candidat a mis le paquet afin que tous les adhérents remplissent bien leur devoir militant.
Un article signé de l’AFP a d’ailleurs mis en lumière comment cela a pu se passer dans le fief de « JCL ». Des commerçants racontent par exemple qu’ils ont fait voter toute leur famille sans trop savoir pour quoi, sinon pour rendre service à leur maire... Des adhérents pas forcément très impliqués, donc. Et c’est probablement l’une des raisons pour laquelle la garde rapprochée du candidat a mis le paquet afin que tous les adhérents remplissent bien leur devoir militant.
Comme en atteste le SMS envoyé par l'épouse et adjointe du maire de Drancy, Aude Lagarde, à la veille du 1er tour, à son équipe de campagne et que Marianne a révélé. Un procédé qui, selon nos informations, a été reproduit au second tour...
Il y a également eu des soupçons de triches et de fausses adhésions dans l’Hérault, comme l’a révélé à son tour le Point. En cause, l’envoi simultané par les équipes de Joseph Francis (un soutien inconditionnel de Lagarde) de près de 400 mandats cash pour régler 400 adhésions...
Solide, Jean-Christophe Lagarde a balayé toutes ces accusations d’un revers de la main. Pour le nouveau patron de l'UDI, il s’agit de « rumeurs » et « insinuations ». Circulez... on savoure !
Il y a également eu des soupçons de triches et de fausses adhésions dans l’Hérault, comme l’a révélé à son tour le Point. En cause, l’envoi simultané par les équipes de Joseph Francis (un soutien inconditionnel de Lagarde) de près de 400 mandats cash pour régler 400 adhésions...
Solide, Jean-Christophe Lagarde a balayé toutes ces accusations d’un revers de la main. Pour le nouveau patron de l'UDI, il s’agit de « rumeurs » et « insinuations ». Circulez... on savoure !