jeudi 11 décembre 2014

Béziers : le patron d'Orchestra réagit au refus de Robert Ménard

Béziers : le patron d'Orchestra réagit au refus de Robert Ménard

Pierre Mestre en 2012, lors de l’ouverture d’un magasin à Saint-Aunès.
J.-M. M.

Pierre Mestre, fondateur d'Orchestra, détaille ses projets d'implantation d'une base logistique et d'un centre commercial à Béziers (Hérault), et analyse les maux du commerce en centre-ville. Rencontre...

Jusqu'au lundi 8 décembre, des discussions étaient en cours entre le dirigeant d'Orchestra, l'Agglo et la municipalité de Béziers quant à l'installation du géant de la puériculture sur la zone de la Méridienne et en centre-ville. Lundi matin, le maire de Béziers, Robert Ménard annonçait : "J'ai décidé de dire non à Orchestra".
Qu'aviez-vous proposé pour le Biterrois ?
Huit mois après l'ère Couderc, la fin des nouvelles négociations ?
De nouvelles discussions ont débuté, il y a quelques mois, entre Orchestra, l’Agglo et la nouvelle municipalité biterroise.
L’installation d’une base logistique du groupe de prêt-à-porter pour enfants sur la zone de la Méridienne semble accorder tous les acteurs. Cependant, l’ouverture d’un centre commercial Orchestra, sur cette même zone, et les éventuelles retombées négatives sur un centre-ville sinistré, impliquent des garanties réclamées par municipalité. Robert Ménard a donc posé plusieurs conditions qui, selon lui, ne seraient pas suffisamment respectées en regard des propositions avancées par Pierre Mestre. Aujourd’hui, tout autant que le centre-ville de Béziers, les négociations semblent, elles aussi, en berne...
On avait d'abord proposé de faire une base logistique tout simplement, c'est la première chose (...). Cela aurait été une base dans laquelle on prépare les commandes des magasins qui repartent ensuite sur toute la planète. Pour nous, ce qui est important, c'est que l'on soit proche du port d'entrée des marchandises, Marseille ou Le Havre pour la France, et ensuite que ce soit le plus central possible par rapport aux magasins. Pour nous, le plus central serait Marseille. Montpellier, ça nous coûte presque 1 000 € par container. Si on ouvre à Béziers ça va nous revenir à quasiment 2 000 € par container (...). Comme on s'éloigne du port d'entrée, ça va nous coûter 2 M€ par an. Pour amortir un peu ce surcoût, on aimerait pouvoir faire un petit centre commercial. Voilà où on en était...
Ce centre commercial (10 000 m2 ) ne représente-t-il pas un danger pour le commerce du centre-ville ?
Pour la partie commerciale, c'est vrai que Béziers est sinistré. Le problème de Béziers, il faut être clair, c'est le Polygone. Le Polygone a achevé le centre-ville parce que les magasins qui sont dans ce centre commercial sont des magasins qui devraient être au centre-ville... On ne peut pas confondre la périphérie et le cœur de ville... Quand vous ouvrez un Décathlon ou un Leroy Merlin, vous ne vous posez pas la question de savoir s'il peut être au centre-ville. Quand vous ouvrez un magasin de 3 000 m2 de puériculture, comme on l'a fait à Montpellier, vous ne vous posez pas la question de savoir s'il peut être en centre-ville ou pas... Il est en périphérie ou il n'est pas.
Qu'aviez-vous proposé concrètement à Robert Ménard pour répondre à ses exigences par rapport au centre-ville ?
Il m'avait demandé d'ouvrir un magasin en centre-ville, j'ai dit d'accord. Il m'a demandé d'en ouvrir plusieurs. Je n'ai pas plusieurs chaînes de magasin, je n'en ai qu'une. Je veux bien ouvrir un magasin, ça me paraît normal de participer mais je ne vais pas ouvrir cinq magasins Orchestra l'un à côté de l'autre. Après, je ne suis pas vendeur de crêpes, je ne suis pas poissonnier... à l'impossible nul n'est tenu. Je veux bien faciliter les choses. En ce sens j'avais proposé que l'on crée un fonds qui permette à cinq commerçants de s'installer et je proposais de le doter de 300 000 € de manière à payer leur installation en centre-ville. À mon sens cela répondait à ses demandes qui, encore une fois me paraissent justifiées de réanimer le cœur de ville. Aujourd'hui, le centre-ville se meurt parce que vous avez des gens qui font cadeau du loyer dans certains endroits, ce qui fausse complètement la concurrence...
Robert Ménard n'est-il pas trop exigeant par rapport à Orchestra ?
Non, il a hérité d'une situation difficile. Béziers, du fait de ses prédécesseurs, a une offre commerciale très compliquée... Robert Ménard fait ce qu'il peut avec les moyens qui sont les siens pour essayer de faire revivre le centre-ville, ce que je comprends et que je respecte. Après, je considère que le meilleur moyen de faire vivre une ville, c'est de donner du travail aux gens. Quand on propose 300 emplois en CDI, plus autant en indirect, c'est cela qui crée de la richesse dans une ville, c'est cela qui fait vivre le commerce.
En l'état, pensez-vous que les négociations puissent se poursuivre ?
Je ne sais pas. Je n'ai quand même pas l'habitude d'être accueilli comme ça. Arriver en voulant créer des emplois et se retrouver comme ça, presque accusé, c'est surprenant.
Aujourd'hui, les municipalités, quand on leur met sur la table des emplois sérieux, solides en CDI... ne refusent pas ce genre de propositions. Quand on s'engage, c'est des investissements de très long terme, je me répète, ce sont de vrais emplois, pas du transfert mais de la création d'emplois... Je pense que nous n'aurons pas de soucis pour trouver. C'est juste un peu dommage.
Avez-vous d'autres possibilités dans l'Hérault ? Pourquoi auriez-vous choisi Béziers ?
On continue à avoir des pistes sur le sud de Montpellier, dans le Gard... Il y a quantité d'autres possibilités en Espagne ou ailleurs en France. Je suis Héraultais, né à Montpellier. Mon arrière-grand-mère et mon grand-père sont nés dans l'Hérault, si je peux, je préfère privilégier ma région.
Propos recueillis par JÉRÔME MOUILLOT
source : Midi Libre