dimanche 21 décembre 2014

Montpellier : et voici la French Tech !

Montpellier : et voici la French Tech !
Montpellier a obtenu début novembre le label national pour son implication dans les nouvelles technologies. Un bon moyen de stimuler les entreprises.

On l'appelle déjà "l'équipe de France" des métropoles en pointe dans l'économie de la high-tech. Initié fin 2013 par Fleur Pellerin, puis repris par Axelle Lemaire, le label French Tech a pour objectif de mettre en valeur les “écosystèmes” les plus efficients du pays en matière de nouvelles technologies. Une façon de réunir derrière une marque unique la cohérence du secteur dans les municipalités distinguées, où start-up, grands groupes, universités et écoles travaillent en bonne intelligence.

Neuf villes labellisées

Neuf villes ont été labellisées French Tech le 12 novembre dernier : Montpellier, mais aussi Toulouse, Aix-Marseille, Grenoble, Lyon, Lille, Bordeaux, Nantes et Rennes. Le label est accompagné d'un budget de 215 M€, issus du deuxième Plan d'Investissement Avenir(PIA). Pas question toutefois de subvention directe aux villes choisies : l'État veut ici soutenir un tissu économique en proposant des aides aux start-up, ou en investissant dans des accélérateurs d'entreprises locaux. 15 M€ seront également alloués à la promotion internationale du label.
Bien que d'initiative nationale, le label French Tech a été largement popularisé par les municipalités qui y étaient candidates, puis par les lauréates. Principal atout : de cette appropriation est née entre les entreprises une collaboration qui n'existait pas forcément avant.

Un sentiment de collectif qui séduit

"C'est ce sentiment de collectif qui m'a poussé à m'impliquer dans la French Tech", explique Katia Vidic, cofondatrice de la start-up montpelliéraine Nelis, qui édite une plate-forme en ligne de gestion clientèle inspirée des réseaux sociaux. "La French Tech Montpellier a permis aux dirigeants de start-up de se rendre compte peu à peu qu'ils allaient parfois chercher très loin des partenaires qui étaient à côté de chez eux", affirme celle qui a contribué à coordonner les efforts de l'écosystème numérique montpelliérain. Il représente un bassin de 1 300 entreprises et 15 000 emplois.
Une vision également partagée par Maryam Bini, cofondatrice de Soledge, qui se lance dans le secteur très pointu de la hi-fi haut de gamme connectée. "La French Tech est un label très important pour la visibilité internationale de nos sociétés. Un bon moyen de mettre un coup de frein au “french bashing”".

"Les dirigeants des start-up de la French Tech ont réalisé qu'ils pouvaient vraiment travailler ensemble" Katia Vidic, directrice générale de Nelis 

Un “cocorico 2.0” qu'attend également Frédéric Salles, cofondateur de l'une des start-up montpelliéraines les plus connues, Matooma. En clin d'œil au coq rose qui est l'emblème de la French Tech, Salles espère que ce label "fera connaître nos start-up comme le “Label Rouge” l'a fait pour les poulets français" ! Même s'il attend de voir quelle utilisation l'État entend faire des fonds alloués au programme.

Beaucoup de chefs d'entreprise sont dans l'expectative

L'incursion des pouvoirs publics dans le financement des structures d'accueil de jeunes entreprises n'est pour autant pas forcément le souhait de tous. Thierry Cottenceau, fondateur de la société de réalité virtuelle Virdys, se déclare "à fond" pour l'installation d'accélérateurs privés, "car l'État ne doit pas toujours se substituer à l'économie des entreprises".
Aujourd'hui, beaucoup de chefs d'entreprise sont dans l'expectative des initiatives que la French Tech permettra. Avec toutefois un risque : que les plus grosses structures soient préférées lors de l'attribution des aides, alors que ce sont les plus petites sociétés qui ont souvent effectué le “travail de fourmi” de popularisation du label.

Axelle Lemaire, secrétaire d’État chargée du Numérique : "Créer un réseau"

Le label French Tech a été attribué à neuf métropoles, dont Montpellier. Quelles seront les suites concrètes à ce projet ?
La labellisation a pour objectif de former un réseau national autour d’écosystèmes, mais également, d’attirer les investisseurs vers les start-up qui s’y développent. Nous avons par ailleurs confié à la banque publique d’investissement (Bpifrance), la gestion d’un fonds destiné à des accélérateurs de start-up, des structures d’accueil et d’accompagnement des jeunes entreprises à fort potentiel de croissance.
Comment les start-up vont-elles être aidées ?
Nous avons voulu sortir du modèle de la subvention directe aux entreprises, et privilégier la création d’un environnement favorable à leur croissance. Les actions d’attractivité liées à la French Tech vont ainsi bénéficier aux start-up, de même que plusieurs dispositifs tels que le Pass French Tech pour les entreprises à fort potentiel, ou la Bourse French Tech pour les entreprises portant des innovations non-technologiques.
La French Tech va également soutenir la création d’accéléra- teurs de start-up. Les projets des métropoles French Tech seront-ils favorisés ?
Il n’y aura pas de favoritisme entre les projets de communes, mais il va de soi que les écosystèmes labellisés sont aussi ceux qui ont démontré leur solidité. C’est la logique même du label, qui reconnaît le dynamisme d’un écosystème par ailleurs souvent soutenu par les acteurs publics. L’État souhaite accompagner des dynamiques entrepreneuriales et stimuler cette croissance, en apportant une garantie de la légitimité et du sérieux des projets des start-up.
Quels sont selon vous, les avantages de Montpellier ?
Montpellier a connu de réelles “success stories” dans la santé, la ville intelligente et le numérique. Il existe de nombreuses entreprises, comme Matooma ou AwoX, qui bénéficient d’une très forte croissance. Il est nécessaire de les aider à trouver des capitaux. En cela, l’ouverture d’accélérateurs privés, portés par des entrepreneurs, au côté d’incubateurs soutenus par des crédits publics, est pertinente. Le fondement même de la French Tech, c’est le travail d’équipe, et Montpellier l’a vraiment compris.
CHRISTOPHE GREUET Midi Libre