vendredi 27 novembre 2015

A Evry, Valls estime qu’il faut « reconstruire une grande partie de la République »

Manuel Valls à l'hommage au victimes du 13 novembre aux Invalides, le 27 novembre.
Manuel Valls à l'hommage au victimes du 13 novembre aux Invalides, le 27 novembre. MIGUEL MEDINA / AFP

Manuel Valls, qui avait peu placé le débat après les attentats du 13 novembre sur la société française, a estimé vendredi 27 novembre, lors d’un dialogue avec quelque 400 citoyens et élus dans son ancienne mairie d’Evry (Essonne), en banlieue parisienne, que ces attaques devaient engager à« reconstruire une grande partie de la République. L’école, patiemment, les quartiers, patiemment », a-t-il énuméré, et donner lieu « à un sursaut républicain majeur ».
M. Valls a répondu à des critiques émises à gauche et au sein des associations de défense des droits de l’Homme, qui jugent l’action gouvernementale engagée depuis les attentats trop sécuritaire et attentatoire aux libertés. « Il n’y a pas d’un côté une réponse sécuritaire, et de l’autre une réponse sociale ou une réponse qui protégerait les libertés », a-t-il affirmé.
« Nous avions apporté beaucoup de diagnostics et un début de réponse après les attentats de janvier », a souligné le premier ministre, qui avait dénoncé quelques jours après les attaques de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher de Vincennes, entre autres « maux qui rongent notre pays, (…) un apartheid territorial, social, ethnique ».

Pas de mesures choc de politique de la ville

Ce constat, qui appelait des mesures de politique de la ville, avait été reformulé dans une série de mesures annoncées le 6 mars en comité interministériel. A 15 jours de la défaite des élections départementales, le gouvernement proposait une loi« égalité et citoyenneté » censée toucher tous les territoires fragiles, y compris les zones rurales, sans mesures chocs en direction des quartiers populaires. Annoncé sans grands moyens financiers – 1 milliard d’euros sur trois ans –, il devaitêtre présenté en fin d’année en conseil des ministres pour un débat au parlement au printemps 2016.
Service civique, affirmation de la laïcité dans les services publics, renforcement de la maîtrise de la langue française en maternelle et primaire, diversification de l’accès à la fonction publique, création d’un label de « grande école du numérique »,prolongement du dispositif des zones de sécurité prioritaires (ZSP)… Au milieu d’un vaste catalogue de mesures, le gouvernement entendait notamment réformer le système d’attribution des logements sociaux, devenu illisible et obsolète.


En octobre à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), François Hollande avait par la suite lancé l’agence nationale pour le développement économique, une structure prévue par les mesures annoncées le 6 mars. Encore en construction, elle doitcoordonner des dispositifs déjà existants pour aider les entrepreneurs des quartiers et d’autres territoires.



Vendredi à Evry, M. Valls a estimé que la reconstruction républicaine qu’il juge nécessaire était « l’affaire d’une génération ». Il a par ailleurs de nouveau évoqué sa volonté de ne pas chercher des « excuses » aux auteurs des attentats. « Ce n’est pas parce qu’un jeune est dans la galère, d’origine immigrée » et vivant dans un quartier confronté à l’islamisme radical, qu’il « devient un terroriste ou un voyou », a-t-il lancé.


source : http://www.lemonde.fr/