Montpellier : circuler autour du Corum est devenu un enfer
Bouchons, queues de poisson, concerts de klaxon... Le climat est souvent tendu au pied du palais des congrès. (© D.R)
Depuis six mois et la mise à double sens des quais du Verdanson et des Tanneurs, la traversée de la place du 11-Novembre, en bas du Corum, est devenue un enfer quotidien pour les automobilistes.
"Je viens de Perpignan, j’ai une réunion au Corum, elle a commencé sans moi. Je suis planté là, sans savoir pourquoi !", râle Roger, résigné. Depuis la mise à double sens des quais du Verdanson et des Tanneurs en mars dernier, l’entrée est de la ville, de l’hôtel Mercure au Corum, est un calvaire pour des centaines d’automobilistes chaque matin, chaque midi, chaque soir. En cause : la traversée à voie unique de la place du 11-Novembre pour se diriger vers le centre historique, et par là même vers le nord de la cité. À laquelle s’ajoute une signalisation inadaptée.
Cent voitures pour une voie
Mercredi, 8 h 30 du matin. Le long cortège de véhicules s’étire du pied du Corum jusqu’aux abords du lycée Mermoz. Pendant que les rames du tramway de la ligne 4 filent à toute allure le long de la rue du Professeur-Léon-Vallois, quatre-vingts à cent voitures tentent de s’engouffrer sur la seule voie qui mène aux quais du Verdanson et à l’Écusson.
Les conducteurs les plus disciplinés patientent sagement dans la file. C’est le cas de Sylvie, de Baillargues, fataliste : "Je viens trois fois par semaine à Montpellier. Je vais dans une clinique du centre. C’est ma seule possibilité. Je prends mon mal en patience. Tant que les gens ne comprendront pas qu’il ne faut plus passer par là, rien ne changera."
Même son de cloche pour Guy, primeur sur la place de la Comédie, au volant de sa camionnette : "C’est tous les jours comme ça, je perds entre vingt minutes et une demi-heure à faire du surplace. Je n’ai que cet accès pour atteindre la Comédie et décharger mes légumes."
Des petits malins qui forcent le passage
Pour passer l’entonnoir, des petits malins se rabattent au dernier moment, au niveau du pont SNCF. Par vague de trois, quatre voitures, ils forcent le passage sous des concerts de klaxon. Les insultes fusent. Certains en seraient venus aux mains. Une voiture immatriculée dans l’Ain amorce une manœuvre désespérée. Coincée contre l’îlot central du feu rouge, la malheureuse conductrice s’insère au dernier moment. Jutta est hollandaise, elle ne connaît pas la ville : "Je n’ai pas compris la signalisation, elle n’est vraiment pas claire", déclare-t-elle dans un excellent français.
Un peu plus loin, sous le pont, un camion de livraison klaxonne sirène hurlante. Un 4x4 lui a fait une queue de poisson pour se rabattre. L’énervement est à son comble. Housseb, chauffeur livreur, est en retard : "Vous l’avez vu, celui-là, pas un geste d’excuse. Je livre deux à trois fois par semaine dans le centre historique et c’est toujours pareil. J’ai deux heures de retard sur mes horaires. Je ferais bien comme eux (se rabattre au dernier moment, NDLR) mais, avec mon empattement, je vais les exploser ! Il faudrait des plots en béton pour empêcher ces incivilités."
Pas de retour en arrière possible pour les élus mais des aménagements
Du côté des élus en charge des dossiers de la voirie, l’épineux sujet est à l’étude (lire ci-dessous). Il y aura bien des aménagements mais pas de retour en arrière. La mise à double sens des quais fait partie du fameux PLD (plan local de déplacements), qui est clair sur la question : écarter les véhicules du centre-ville et favoriser les transports alternatifs, tram, vélo et covoiturage.
Serge Fleurence, premier adjoint, l’avait assuré le jour de l’inauguration, en mars dernier : "L’axe hôtel Mercure/Corum n’est pas dédié à la traversée de la ville. Sa fonction est la circulation dans le quartier, le soutien aux commerces du centre-ville en permettant une desserte améliorée de ses parkings."
En attendant, il faudra deux bonnes heures pour que le trafic retrouve un semblant de fluidité ce mercredi matin. Tous les jours seront désormais les mêmes du côté du Corum. Il faudra s’y habituer... ou changer d’itinéraire.
PHILIPPE THINÈS, ADJOINT MUNICIPAL EN CHARGE DE LA VOIRIE : « PROBLÈME DE SIGNALISATION »
Êtes-vous sensibilisé à l’accès difficile des quais du Verdanson et des Tanneurs par le Corum ?
Nous sommes au courant de ce point noir. Les personnes qui ne connaissent pas l’endroit se trompent. Il y a clairement un problème de signalisation.
Quelles solutions comptez-vous apporter ?
Nous étudions la reprise de la signalisation au sol et à la hauteur du pont SNCF. Au niveau du lycée Mermoz, nous en réaliserons une nouvelle pour permettre aux conducteurs allant au centre-ville de se garer directement au parking Joffre. Juste avant le pont, la rue d’Argencourt sera rouverte pour faciliter l’accès au parking Joffre et au Corum. Une autre idée serait de créer un couloir bétonné sur la voie unique mais c’est une solution ultime car elle est dangereuse pour les deux-roues.
Quels délais pour ces mesures ?
Tout cela est prévu pour le premier semestre 2014 au maximum.
MICHEL PIEYRE Midi Libre