vendredi 12 septembre 2014

Coalition contre l'Etat islamique : « absurde et dangereuse », selon Dominique de Villepin


Dominique de Villepin, en décembre 2011, sur le plateau de TF1.

En 2003, Dominique de Villepin, alors ministre des affaires étrangères, s'était élevé contre l'intervention en Irak décidé par George W. Bush, défendant la position de la France dans un vibrant discours à l'Organisation des Nations unies. Onze ans plus tard, le contexte est différent, mais M. de Villepin reste opposé à toute intervention militaire dans ce pays. Tandis que le président de la République,François Hollande, est en visite à Bagdad, il a fustigé vendredi matin, sur RMC,« l'annonce par le président Obama d'une grande coalition pour engager une troisième guerre d'Irak » et déploré que la France ait « renoncé à faire de lapolitique (…), à faire de la diplomatie ».


C'est « une décision (…) absurde et dangereuse », a-t-il fait valoir. Pour s'expliquer, celui qui fut également premier ministre établit un parallèle avec la situation Afghane de 2001 : « Il y avait (…) un foyer de crise terroriste central. Aujourd'hui, il y en a près d'une quinzaine (…). Nous les avons multipliés », analyse-t-il. « Aller faire la guerre contre cette région meurtrie, frappée par les crises identitaires (…), c'est prendre le risque de cristalliser et de coaliser un certain nombre de forces (…) contre nous (…). »

Jean-Luc Mélenchon s'est lui aussi positionné contre la perspective de frappes contre l'Etat islamique en Irak. « Je désapprouve totalement ce qui est en train de se faire », a déclaré l'ancien coprésident du Parti de gauche, vendredi sur RTL. Il rappelle quant à lui l'intervention en Libye et le « chaos » qui s'en est ensuivi :
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« Où et quand a-t-on évoqué le fait qu'il faille intervenir en Irak,bombarder une fois de plus comme on l'a déjà fait en Libye avec le succès dont on se souvient, ou que l'on distribue des armes aux uns aux autres qui finissent par se retournercontre nous ? Ce chaos continue et nous voici maintenant avec François Hollande allant à Bagdad, ce qui ne sert à rien sinon à le mettre en danger et engager la France dans une guerre dont personne n'a parlé. »
ROMPRE LES RELATIONS QUE « NOUS ENTRETENONS » AVEC LE QATAR
M. Mélenchon invite à « s'intéresser à ceux qui financent [les bandes armées] et devraient prendre la responsabilité de cesser de le faire, c'est-à-dire les monarchies saoudienne, qatarie, avec lesquelles nous entretenons des relations d'une délicieuse courtoisie et à qui nous vendons (…) des armes ».
De la même façon, Marine Le Pen, la présidente du Front national, a demandé,vendredi matin sur Europe 1, la rupture des relations diplomatiques et économiques avec le Qatar.
« La première chose à faire est de s'attaquer à la tête, et la tête, on le sait, ce sont des pays comme le Qatar. On ne peut pas continuer à avoir des relations économiques, des conventions fiscales avantageuses pour un pays comme leQatar, à le laisser intervenir dans nos entreprises alors que nous savons pertinemment que c'est ce pays notamment quiaide, finance, assiste le fondamentalisme islamiste dans le monde. »
Mais, à l'inverse de M. Mélenchon, la présidente du FN estime qu'« il fautintervenir. Mais intervenir en soutien logistique, en apportant une aide au renseignement, nous ne pouvons pas être en première ligne dans cette affaire ».Pour l'eurodéputée, il faut que la coalition internationale obtienne l'accord de l'ONU ainsi que des « autorités syriennes ».
« UN PROBLÈME FRANÇAIS »
L'ancienne ministre UMP Valérie Pécresse a quant à elle estimé vendredi sur RFI que la France devait « pleinement s'engager » contre l'Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie mais devait le faire « sous mandat international ». La France « doit s'engager pleinement et marquer sa totale détermination à lutter contre ce qui n'est pas un Etat mais une organisation terroriste et se fait appeler Etat islamique », a déclaré Mme Pécresse.
L'ancienne ministre voit cependant aussi dans la question de « ces djihadistes, ces égorgeurs, ces personnes qui pratiquent le génocide de certaines communautés », « un problème français ». « Nous avons plus de mille Français qui sont quelque part entre la Syrie et l'Irak en train de participer aux exactions de l'Etat islamique. Ces mille Français un jour reviendront dans notre pays » a-t-elle souligné.