Hollande, l’Irakien
mercredi 17 septembre 2014, par Philippe Leymarie
François Hollande a mis la barre très haut : dévalué dans les sondages, malmené par la classe politique, il a botté en touche, menant au pas de charge une séquence militaro-diplomatique qui engage la France dans un nouveau conflit, cette fois en Irak, et peut-être en Syrie, même si c’est à une échelle limitée.
Après « Hollande, l’Africain », voici donc « Hollande, l’Irakien ».Le président français s’est d’abord envolé vers Bagdad et le Kurdistan irakien en fin de semaine dernière — première visite d’un chef d’Etat occidental depuis le changement de gouvernement dans ce pays — avant de convoquer le gratin de la diplomatie mondiale à Paris lundi, pour officialiser le soutien d’une coalition internationale à l’exécutif irakien, représenté par son président. Il faut ajouter à ce tableau :
une tournée du ministre de la défense Jean-Yves Le Drian aux Emirats arabes unis (qui hébergent l’unique implantation militaire française dans la région) ainsi qu’en Egypte (qui souhaite une offensive « contre tous les djihadismes ») ;
un conseil de défense à l’Elysée, ces jours-ci, pour décider du profil d’un engagement militaire français en Irak et peut-être en Syrie (opération qui n’a pas encore de nom officiel) ;
et, ce jeudi, une conférence de presse conçue comme un exercice de pédagogie, pour convaincre les médias et la population du bien-fondé de ces gesticulations…
Cette agitation témoigne d’une volonté, autant que faire se peut, de prendre les devants, de ne pas se cantonner à l’habituel rôle de suiveur, ou d’éternel « petit actionnaire » voire de « caniche » (comme il a souvent été reproché à la Grande-Bretagne ou à l’Australie), de jouer un rôle d’aiguillon et d’entraîneur à défaut de pouvoir exercer un leadership de poids.
Sans doute faut-il y voir un effet de la volte-face américaine d’août 2013. Dans son discours à la conférence des ambassadeurs, le 28 août dernier, le président Hollande a une fois de plus pointé les profondes traces laissées par l’expédition avortée contre le régime de Damas : « Je vous disais, il y a un an, que l’inaction [en Syrie] faisait le jeu des extrémistes. La démonstration est faite »(sous-entendu : avec les développements récents en Irak) [1].
D’ici la fin de ce mois, l’effectif des commandos pourrait atteindre jusqu’à deux cent cinquante hommes, servant — selon le blog « Le mamouth », spécialisé dans les « forces spéciales » — comme « élément de liaison et de contact (ELC), mais aussi à collecter du renseignement à fin d’action (RFA) et à guider les tirs des chasseurs français et alliés ». Ces hommes devraient également conseiller et former les combattants kurdes, ainsi que des unités de l’armée irakienne (armée qui, de l’aveu du premier ministre, doit être« réhabilitée »).
Un même souci d’autonomie semble avoir joué dans la décision de constituer des dossiers d’objectifs « nationaux », pour déterminer les cibles de frappes aériennes auxquelles Paris se dit prêt à participer dès que les tâches auront été réparties au sein de la coalition en cours de formation. Les données sur la région occupée par Daesh (acronyme arabe de l’Etat islamique) doivent être collectées au sol (renseignement, actions commando), ou par des moyens aériens d’observation (avions, drones, satellites).
L’annonce, lundi dernier, du décollage, sur la base française d’Al-Dhafra au sud d’Abu Dhabi, de deux chasseurs Rafale, pour une première mission de reconnaissance dans le ciel irakien, avait fait sensation, au moment même de l’ouverture de la conférence sur l’Irak au quai d’Orsay, laquelle s’est conclue sur l’engagement de principe de vingt-sept pays arabes et occidentaux (et trois organisations internationales) à « soutenir le nouveau gouvernement irakien par tous les moyens nécessaires, y compris une aide militaire appropriée ». Un engagement aussi vague avait été pris, en marge du sommet de l’OTAN à Newton les 4 et 5 septembre derniers, par une dizaine de pays membres de l’organisation transatlantique, qui constituent le premier noyau de la coalition de défense du régime irakien.
Le flou entourant pour le moment cette coalition que cherche à constituer le président Barack Obama, dans le but d’en finir avec les rêves de califat de Daesh, contraste avec l’entrain français. Grâce à un partenariat stratégique déjà ancien avec les Emirats arabes unis, Paris dispose d’un atout dans la région, avec ses bases aérienne, terrestre et navale d’Abou Dhabi, ouvertes en 2008 et opérationnelles depuis trois ans. Elles sont de taille modeste, mais les effectifs actuels de chasseurs Rafale basés à Al-Dhafra (six machines) pourraient être doublés rapidement ; un KC-135 ravitailleur est déjà sur place, de même qu’un avion Atlantic de patrouille maritime — des moyens qui pourraient aussi être renforcés. Il serait également possible de mettre en route le porte-avions Charles de Gaulle, basé à Toulon, qui pourrait être positionné en Méditerranée orientale en l’espace de deux jours. Comme c’est toujours le cas en cas de crise, son équipage est en alerte, de même que ceux de son groupe aérien embarqué [2].
Ainsi se dessinent les contours d’une opération en fait relativement limitée, côté français, tenant compte des engagements militaires en cours dans d’autres pays (Mali, Tchad, Niger, RCA, Liban) et d’une enveloppe financière pour les « OPEX » (opérations extérieures) déjà largement consommée. Le président français s’y engage, fort de ses succès au Mali, et pressé d’agir par des histrions comme Bernard-Henry Lévy : l’échec patent, avec le recul, de son aventure libyenne de 2011 n’empêche pas l’essayiste de se répandre à nouveau dans les médias, lançant ses légions virtuelles à l’assaut des fortifications djihadistes en Irak et en Syrie, et faisant jurer aux journalistes que plus jamais ils ne montreront « d’images d’Occidentaux à genoux » [3]…
Le président irakien Fouad Massoum à Bagdad puis à Paris (où il a co-présidé la conférence internationale organisée par François Hollande), tout comme le président de la région autonome du Kurdistan irakien, Massoud Barzani à Erbil, ont demandé officiellement l’appui de la France et de la coalition en cours de constitution, notamment sous la forme d’actions aériennes — un domaine que ne maîtrisent pas les militaires irakiens ou kurdes. Tous s’inquiètent également de la multiplication des filières de recrutement de combattants étrangers sous les couleurs de Daesh : ils seraient des milliers en provenance des pays européens [5].
les Américains souhaitent assurer sans partage le commandement militaire de la coalition, ce qui réduit d’autant la marge d’appréciation et d’autonomie de ses partenaires les plus proches, dont la France ;
l’absence de l’Iran, allié influent de l’Irak, et soutien du régime d’Al-Assad en Syrie : Paris était pour l’inclure, Washington contre ;
la controverse sur les conditions d’une intervention contre Daesh en Syrie, terre d’élection du mouvement djihadiste à l’origine [7].
Le président Hollande, qui était prêt à sonner la charge contre le gouvernement syrien en août 2013, se veut plus circonspect aujourd’hui. Il craint qu’en frappant les maquis ou quartiers contrôlés par les djihadistes de Daesh, on ne conforte finalement le régime syrien de Bachar Al-Assad. Lequel — au prix de près de deux cent mille morts et de millions de réfugiés — a sans doute déjà gagné sa guerre, puisqu’il a réussi à durer plus de deux ans, et à garder le contrôle de l’essentiel de la « Syrie utile », au moins telle qu’il l’entend.
De son côté, l’exécutif américain a laissé entendre qu’il ne s’embarrasserait pas de procédures de consultation ou de coordination pour exercer un « droit de suite » dans les zones que contrôle Daesh en Syrie — au risque d’en faire un peu, ou beaucoup plus : mais la Russie, échaudée par latromperie sur la marchandise lors de l’opération en Libye en 2011, veille au grain. En outre, pour permettre aux bombardiers américains, français, britanniques ou australiens — probables acteurs de ces frappes — de survoler l’est et le nord de la Syrie, il faudra que le gouvernement de Damas accepte au moins « d’éteindre » quelques heures les radars de ses batteries anti-aériennes…
Pour le ministre français de la défense, Jean-Yves Le Drian, cette perspective d’une connexion de fait — « du golfe de Guinée au Waziristan »— entre les mouvances de type AQMI dans le Sahel et en Libye, les Shebab somaliens, les groupes djihadistes au Sinaï, en Syrie, en Irak, et jusqu’en Afghanistan, impose la recherche d’une stratégie globale, d’une réponse concertée (y compris avec des pays-clé, comme l’Algérie, l’Egypte ou l’Iran), et d’une répartition internationale des responsabilités en cohérence avec les actions déjà menées, notamment par les Français, pour refouler AQMI au Sahel [8], contrer les activités terroristes dans le sud de la Libye et de la Tunisie, appuyer la lutte contre Boko Haram au Nigeria et au Cameroun, etc.
Par les temps qui courent, ceux qui, comme l’ancien ministre des affaires étrangères Dominique de Villepin, assurent que des interventions comme celle qui se prépare en Irak ou en Syrie « ajoutent la crise à la crise », ne risquent guère d’être entendus…
une tournée du ministre de la défense Jean-Yves Le Drian aux Emirats arabes unis (qui hébergent l’unique implantation militaire française dans la région) ainsi qu’en Egypte (qui souhaite une offensive « contre tous les djihadismes ») ;
un conseil de défense à l’Elysée, ces jours-ci, pour décider du profil d’un engagement militaire français en Irak et peut-être en Syrie (opération qui n’a pas encore de nom officiel) ;
et, ce jeudi, une conférence de presse conçue comme un exercice de pédagogie, pour convaincre les médias et la population du bien-fondé de ces gesticulations…
Cette agitation témoigne d’une volonté, autant que faire se peut, de prendre les devants, de ne pas se cantonner à l’habituel rôle de suiveur, ou d’éternel « petit actionnaire » voire de « caniche » (comme il a souvent été reproché à la Grande-Bretagne ou à l’Australie), de jouer un rôle d’aiguillon et d’entraîneur à défaut de pouvoir exercer un leadership de poids.
- François Hollande au palais omnisports de Paris-Bercy, le 29 avril 2012
- Photo de Thomas Bartherote.
Sans doute faut-il y voir un effet de la volte-face américaine d’août 2013. Dans son discours à la conférence des ambassadeurs, le 28 août dernier, le président Hollande a une fois de plus pointé les profondes traces laissées par l’expédition avortée contre le régime de Damas : « Je vous disais, il y a un an, que l’inaction [en Syrie] faisait le jeu des extrémistes. La démonstration est faite »(sous-entendu : avec les développements récents en Irak) [1].
Cibles autonomes
En fait, l’opération militaire française en Irak avait commencé dès la mi-août, avec l’envoi discret auprès des peshmergas (les combattants kurdes) d’Irak d’une poignée de commandos du Commandement des opérations spéciales (COS), chargés notamment de réceptionner des parachutages d’armes, et de les « mettre en main » des combattants : la France a été le premier pays à s’y lancer (avant les Américains et Britanniques, lire Alain Gresh, « Questions sur l’armement des Kurdes d’Irak), et une quatrième livraison est prévue ces jours-ci, avec un armement plus lourd (mitrailleuses, canons).D’ici la fin de ce mois, l’effectif des commandos pourrait atteindre jusqu’à deux cent cinquante hommes, servant — selon le blog « Le mamouth », spécialisé dans les « forces spéciales » — comme « élément de liaison et de contact (ELC), mais aussi à collecter du renseignement à fin d’action (RFA) et à guider les tirs des chasseurs français et alliés ». Ces hommes devraient également conseiller et former les combattants kurdes, ainsi que des unités de l’armée irakienne (armée qui, de l’aveu du premier ministre, doit être« réhabilitée »).
Un même souci d’autonomie semble avoir joué dans la décision de constituer des dossiers d’objectifs « nationaux », pour déterminer les cibles de frappes aériennes auxquelles Paris se dit prêt à participer dès que les tâches auront été réparties au sein de la coalition en cours de formation. Les données sur la région occupée par Daesh (acronyme arabe de l’Etat islamique) doivent être collectées au sol (renseignement, actions commando), ou par des moyens aériens d’observation (avions, drones, satellites).
L’annonce, lundi dernier, du décollage, sur la base française d’Al-Dhafra au sud d’Abu Dhabi, de deux chasseurs Rafale, pour une première mission de reconnaissance dans le ciel irakien, avait fait sensation, au moment même de l’ouverture de la conférence sur l’Irak au quai d’Orsay, laquelle s’est conclue sur l’engagement de principe de vingt-sept pays arabes et occidentaux (et trois organisations internationales) à « soutenir le nouveau gouvernement irakien par tous les moyens nécessaires, y compris une aide militaire appropriée ». Un engagement aussi vague avait été pris, en marge du sommet de l’OTAN à Newton les 4 et 5 septembre derniers, par une dizaine de pays membres de l’organisation transatlantique, qui constituent le premier noyau de la coalition de défense du régime irakien.
En alerte
Le flou entourant pour le moment cette coalition que cherche à constituer le président Barack Obama, dans le but d’en finir avec les rêves de califat de Daesh, contraste avec l’entrain français. Grâce à un partenariat stratégique déjà ancien avec les Emirats arabes unis, Paris dispose d’un atout dans la région, avec ses bases aérienne, terrestre et navale d’Abou Dhabi, ouvertes en 2008 et opérationnelles depuis trois ans. Elles sont de taille modeste, mais les effectifs actuels de chasseurs Rafale basés à Al-Dhafra (six machines) pourraient être doublés rapidement ; un KC-135 ravitailleur est déjà sur place, de même qu’un avion Atlantic de patrouille maritime — des moyens qui pourraient aussi être renforcés. Il serait également possible de mettre en route le porte-avions Charles de Gaulle, basé à Toulon, qui pourrait être positionné en Méditerranée orientale en l’espace de deux jours. Comme c’est toujours le cas en cas de crise, son équipage est en alerte, de même que ceux de son groupe aérien embarqué [2].
Ainsi se dessinent les contours d’une opération en fait relativement limitée, côté français, tenant compte des engagements militaires en cours dans d’autres pays (Mali, Tchad, Niger, RCA, Liban) et d’une enveloppe financière pour les « OPEX » (opérations extérieures) déjà largement consommée. Le président français s’y engage, fort de ses succès au Mali, et pressé d’agir par des histrions comme Bernard-Henry Lévy : l’échec patent, avec le recul, de son aventure libyenne de 2011 n’empêche pas l’essayiste de se répandre à nouveau dans les médias, lançant ses légions virtuelles à l’assaut des fortifications djihadistes en Irak et en Syrie, et faisant jurer aux journalistes que plus jamais ils ne montreront « d’images d’Occidentaux à genoux » [3]…
Combattants étrangers
Sur le plan politique, le Conseil de sécurité de l’ONU avait réclamé, dès le 15 août dernier, le désarmement et la dissolution immédiats de l’Etat islamique (EI) ainsi que du Front Al-Nosra en Syrie, et des autres formations liées à Al-Qaida — un texte placé sous le chapitre VII de la charte des Nations unies, qui permet de recourir à des sanctions voire à la force pour le faire appliquer, mais n’autorise pas d’opération militaire. Selon Paris, la demande d’aide militaire formulée ces jours derniers par l’exécutif irakien, autorité légale d’un pays indépendant, suffit à fonder juridiquement une intervention qui ne nécessite donc ni négociation, ni résolution préalables de l’ONU — à la différence par exemple du précédent libyen de 2011 [4].Le président irakien Fouad Massoum à Bagdad puis à Paris (où il a co-présidé la conférence internationale organisée par François Hollande), tout comme le président de la région autonome du Kurdistan irakien, Massoud Barzani à Erbil, ont demandé officiellement l’appui de la France et de la coalition en cours de constitution, notamment sous la forme d’actions aériennes — un domaine que ne maîtrisent pas les militaires irakiens ou kurdes. Tous s’inquiètent également de la multiplication des filières de recrutement de combattants étrangers sous les couleurs de Daesh : ils seraient des milliers en provenance des pays européens [5].
Bachar conforté
Vu de Paris, le montage en cours de la coalition internationale contre le groupe irako-syrien [6] souffre de plusieurs faiblesses :les Américains souhaitent assurer sans partage le commandement militaire de la coalition, ce qui réduit d’autant la marge d’appréciation et d’autonomie de ses partenaires les plus proches, dont la France ;
l’absence de l’Iran, allié influent de l’Irak, et soutien du régime d’Al-Assad en Syrie : Paris était pour l’inclure, Washington contre ;
la controverse sur les conditions d’une intervention contre Daesh en Syrie, terre d’élection du mouvement djihadiste à l’origine [7].
Le président Hollande, qui était prêt à sonner la charge contre le gouvernement syrien en août 2013, se veut plus circonspect aujourd’hui. Il craint qu’en frappant les maquis ou quartiers contrôlés par les djihadistes de Daesh, on ne conforte finalement le régime syrien de Bachar Al-Assad. Lequel — au prix de près de deux cent mille morts et de millions de réfugiés — a sans doute déjà gagné sa guerre, puisqu’il a réussi à durer plus de deux ans, et à garder le contrôle de l’essentiel de la « Syrie utile », au moins telle qu’il l’entend.
De son côté, l’exécutif américain a laissé entendre qu’il ne s’embarrasserait pas de procédures de consultation ou de coordination pour exercer un « droit de suite » dans les zones que contrôle Daesh en Syrie — au risque d’en faire un peu, ou beaucoup plus : mais la Russie, échaudée par latromperie sur la marchandise lors de l’opération en Libye en 2011, veille au grain. En outre, pour permettre aux bombardiers américains, français, britanniques ou australiens — probables acteurs de ces frappes — de survoler l’est et le nord de la Syrie, il faudra que le gouvernement de Damas accepte au moins « d’éteindre » quelques heures les radars de ses batteries anti-aériennes…
2e génération
L’actuel régime égyptien, dirigé par le maréchal Sissi, souhaiterait que la coalition s’emploie à lutter contre tous les foyers dits « djihadistes » ou « terroristes », et pas seulement Daesh. Une démarche globalisante qui plaît chez les Français où on met l’accent, ces temps-ci, sur le danger libyen (pays frontalier de l’Egypte), et sur la perspective inquiétante d’une connexion entre tous ces foyers djihadistes dits de « 2e génération » (après celle d’Oussama Ben Laden), qui sont tentés par une logique territoriale (comme au nord du Mali, dans le sud libyen, le centre de la Somalie, l’ouest irakien), et qui — dans le cas de Daesh — atteignent des niveaux de violence, de sophistication (en matière militaire, de communication), ou d’opulence financière inédits.Pour le ministre français de la défense, Jean-Yves Le Drian, cette perspective d’une connexion de fait — « du golfe de Guinée au Waziristan »— entre les mouvances de type AQMI dans le Sahel et en Libye, les Shebab somaliens, les groupes djihadistes au Sinaï, en Syrie, en Irak, et jusqu’en Afghanistan, impose la recherche d’une stratégie globale, d’une réponse concertée (y compris avec des pays-clé, comme l’Algérie, l’Egypte ou l’Iran), et d’une répartition internationale des responsabilités en cohérence avec les actions déjà menées, notamment par les Français, pour refouler AQMI au Sahel [8], contrer les activités terroristes dans le sud de la Libye et de la Tunisie, appuyer la lutte contre Boko Haram au Nigeria et au Cameroun, etc.
Par les temps qui courent, ceux qui, comme l’ancien ministre des affaires étrangères Dominique de Villepin, assurent que des interventions comme celle qui se prépare en Irak ou en Syrie « ajoutent la crise à la crise », ne risquent guère d’être entendus…
Notes
[1] Cf. « Irak :M. Hollande mobilise contre l’Etat islamique », Le Monde, 28 août 2014.
[2] La marine — indique Philippe Chapleau, de Ouest France, qui suit de près les activités militaires dans sa région — a confirmé que les Rafale marine de la flottille 11F (Landivisiau) ont pris l’alerte en relais de la 12F et « sont ainsi en mesure d’être déployés à tout moment sur le porte-avions ». Il en est de même pour les Super-Etendard et les Hawk-Eye.
[3] Voir le dossier du Monde diplomatique, « L’imposture Bernard-Henry Lévy ».
[4] Lire Jean Ping, « Fallait-il tuer Kadhafi », Le Monde diplomatique, août 2014.
[5] Selon le ministre français de l’intérieur Bernard Cazeneuve, « 930 ressortissants français ou étrangers résidant habituellement en France sont aujourd’hui impliqués dans le djihad en Syrie et en Irak. 350 sont sur place, dont 60 femmes. Environ 180 sont repartis de Syrie, et 170 sont en transit vers la zone. 230 ont exprimé des velléités de départ. A ce total de 930 s’ajoutent 36 personnes décédées là-bas » (JDD,14 septembre 2014).
[6] On résume parfois, dans les milieux de géopolitique, la problématique syro-irakienne sous la contraction de « Syrak », comme il y a quelques années on parlait de « l’Afpak ».
[7] Lire Feurat Alani, « Irak-Syrie, mêmes combats », Le Monde diplomatique,janvier 2014.
[8] Pour ce qui est des Français, il s’agit de l’opération « Barkhane », lancée en août dernier, qui mobilise trois mille hommes au Mali, Tchad, Niger, etc.