mardi 30 septembre 2014

Inondations : à Montpellier, commerces et PME pansent leurs plaies.

Des camions nettoient rues Montpellier mardi déluge s’est abattu hier ville.

Des camions nettoient les rues de Montpellier mardi après le déluge qui s’est abattu hier sur la ville. - AFP/ SYLVAIN THOMAS

Le trafic ferroviaire devrait reprendre une allure normale d’ici la fin de la journée.

Après les précipitations exceptionnelles qui se sont abattues sur l’Hérault, lundi après-midi (300 mm en 24 heures, du jamais vu depuis un demi-siècle d’après Météo France), les PME et commerces de l’agglomération montpelliéraine pansent leurs plaies.La solidarité s’organise. 200 personnes, coincées par la montée des eaux coupant les routes, ont trouvé refuge au Zénith Sud, transformé en centre d’hébergement, dans la nuit de lundi à mardi.
La start-up montpelliéraine Bedycasa (site communautaire d’hébergement chez l’habitant) offre 25 euros de crédits voyage par nuit et par personne pour aider les personnes encore en difficulté à se loger à Montpellier ce mardi soir. Chez le lotisseur-aménageur Hectare (Vendargues), une quinzaine des 65 salariés est venue prêter main forte pour sauver les meubles. « L’eau est arrivée de partout, explique Max Portalès, PDG. La crue du cours d’eau La crue du cours d’eau (le Salaison, NDLR) était exceptionnelle. Quand le parking a été sous 50 cm d’eau, vers 16h (l’alerte rouge a été déclenchée à 16h23 par la préfecture, NDLR), j’ai demandé à mes salariés de partir. Puis, à 18h, voyant la décrue s’amorcer et la pluie cesser, une quinzaine de collaborateurs habitant à proximité sont venus écoper jusqu’à 22h, à l’aide de pompes à eau. » La PME s’en sort avec une seule journée d’inactivité, et un serveur informatique sain et sauf.
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L’agence héraultaise de Panofrance (panneaux en bois, Le Crès) a eu moins de chance : locaux noyés sous 80 cm d’eau et perte de stock de panneaux isolants. Même sort pour Ucar (location de véhicules), dont de nombreux véhicules sont hors d’usage mardi matin. Le supermarché Lidl, au Crès, également inondé et fermé mardi, tente de sauver ses stocks en les entreposant... sur le parking ! Quant à nos confrères de « La Lettre M » , magazine économique régional, ils ont dû annuler la soirée de leurs 30 ans, prévue lundi soir à l’Opéra Berlioz (Corum), en présence de Jean-Louis Borloo et de 2.000 décideurs et élus. Dans la zone du Fenouillet, à Pérols, le magasin BoConcept, submergé sous 1 mètre d’eau, annonce deux mois de fermeture, indique la CCI de Montpellier . Les salariés des autres enseignes de cette zone dédiée à l’ameublement et à la décoration ont troqué, mardi matin, la chemise contre la raclette et les seaux. La Saam, aménageur de l’agglomération de Montpellier, prévoit de transférer à terme ces grandes surfaces commerciales, actuellement implantées dans une zone inondable.

48 millions d’euros de travaux tout juste terminés pour lutter contre les inondations

Dans une région soumise à de violentes précipitations, faut-il mettre en cause les pouvoirs publics pour les dégâts occasionnés par ces pluies ? La réponse n’est pas simple. Sur les sept dernières années, 48 millions d’euros de travaux publics ont été réalisés pour des aménagements de protection dans la basse vallée du Lez, le fleuve parcourant Montpellier. Renforcement de digues, ouvrage de dérivation des crues du Lez vers l’étang du Méjean, recalibrage du ruisseau de la Lironde... Un chantier titanesque inauguré en juin dernier. Ces travaux ont « certainement évité le pire », souffle-t-on en préfecture. Lors de la seconde phase, les digues du Lez ont été renforcées sur 13,5 km, de l’autoroute A9 jusqu’à la confluence avec la rivière de La Mosson, afin de finaliser la protection de la basse vallée.
Un plan de prévention des risques naturels inondations avait été approuvé en décembre 2006. « Près de 90 crues majeures ont été référencées dans les statistiques sur la période d’observation entre le moyen âge et 2002 » indiquaient alors les documents. En 2002, une précédente crue du Lez avait inondé les zones pavillonnaires de la commune Lattes situés en aval du Lez. Les travaux ont notamment été financés notamment par l’État (13 millions), Montpellier agglomération (13 millions), la Région (11 millions) et le Conseil général (8,8 millions). Aucune victime n’est en effet à déplorer. Mais « les dégâts matériels sont importants », précise Philippe Saurel, maire de Montpellier (DVG). L’Etat va placer « une soixantaine de communes » en état de « catastrophe naturelle », a annoncé le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, qui va se rendre sur place pour rencontrer les élus.
Des hectares de vignes emportés par les eaux dans l’arrière-pays
Les vendanges sont déjà terminées sur l’essentielle partie du vignoble héraultais, assure mardi matin Jérôme Despey, président de la branche vins de FranceAgrimer et viticulteur dans l’Hérault, au lendemain des fortes précipitations qui se sont abattues sur le département. Quelques communes de l’arrière-pays, où la récolte devait se dérouler pendant encore une dizaine de jours, sont cependant impactées : « Autour du Pic-Saint-Loup, Lamalou-les-Bains (où 4 personnes ont trouvé la mort le 18 septembre, suite à la crue soudaine d’une rivière), Hérépian »... Dans d’autres secteurs (Saint-Pargoire, Plessan, Bélarga), « l’eau a emporté plusieurs hectares de vignes », précise Jérôme Despey. La Chambre d’Agriculture de l’Hérault est en train d’évaluer les dégâts. Dans le secteur de Mauguio (plaine littorale), où les routes ont été coupées toute la nuit, de nombreuses exploitations agricoles (horticulture et maraîchage) sont noyées.
HUBERT VIALATTE / CORRESPONDANT À MONTPELLIER
source : les echos