lundi 29 septembre 2014

Sénatoriales : Dans l'Hérault, un statu quo qui cache bien des changements.

Devant la préfecture à l'annonce des résultats. Au premier plan à gauche, Jean-Pierre Grand, arrivé en tête. Devant la préfecture à l'annonce des résultats. Au premier plan à gauche, Jean-Pierre Grand, arrivé en tête.

Deux sièges à droite, deux sièges à gauche pour moitié obtenus par des candidats dissidents. La gauche non gouvernementale malheureusement désunie réalise un très bon score.

En apparence, rien n'a changé depuis la dernière élection dans l'Hérault en 2008 (voir les résultats par ailleurs). Le PS garde un siège remporté par Henri Cabanel (378 voix, 16,40%) et un de ses dissidents, Robert Navarro, l'autre (257 voix, 11,15%). L'UMP fait élire son candidat François Commeinhes (447 voix, 17,39%) et le quatrième siège va au dissident Jean-Pierre Grand (492 voix, 21,34%).
A y regarder de plus près, cependant tout a changé. Et d'abord les rapports de force qui se sont inversés. La gauche gouvernementale avec 1 248 voix perd 376 voix tandis que la droite avec 1 055 voix en gagne 410. On notera encore l'énorme progression de la gauche non gouvernementale (PCF, PG et EELV), qui, s'il elle avait été unie et combative, aurait pu espérer gagner un siège. Et cela malgré des élections municipales qui ne lui ont pas été favorables. Avec 218 voix contre 139, elle gagne 79 voix. Le FN étant entré dans de nombreux conseils municipaux passe de 14 à 121 voix.

Le poids de deux grandes agglos
C'est donc Jean-Pierre Grand, le maire UMP de Castelnau-le-Lez, villepiniste toujours à la limite de la dissidence, qui tire les marrons du feu de la crise que traverse l'UMP et lui fait perdre un siège. Recueillant bien des voix qui ne voulaient pas se porter sur le candidat investi par son parti, il a également bénéficié du soutien implicite du maire de Montpellier, Philippe Saurel - en cela digne successeur de Georges Frêche - qui s'affichait avec lui hier soir au moment de la proclamation des résultats. Le combat contre la réforme territoriale du maire de Castelnau lui a sans doute également amené pas mal de voix.
Quant au maire de Sète François Commeinhes qui a terrassé le sortant, ex-maire de Béziers, Raymond Couderc, il a bénéficié du soutien du nouveau maire de Béziers, pourtant soutenu lors de son élection par le FN, Robert Ménard.
L'élection du viticulteur socialiste Henri Cabanel, n'est pas une surprise, étant donné le poids du PS dans le département. Son résultat aurait évidemment été meilleur sans la candidature de Christian Bilhac dont la dissidence est un échec.
Aucun candidat n'obtient 25%
Ce qui est plus surprenant est le résultat du seul sortant réélu, Robert Navarro. Investi en 2008 par le parti qui l'a depuis exclu, il bénéficie sans doute d'un travail de terrain intense depuis plusieurs dizaines d'années et d'un reste d'attachement de beaucoup de grands électeurs à celui qui fut un très fidèle frêchiste. Il a en outre mené campagne - en dehors de toute exposition médiatique - pendant trois ou quatre mois.
La Verte Michelle Comps (50 voix, 2,17%) réalise le même score qu'en 2008.
Le PCF qui partait seul sous la conduite du maire de Vendres, Jean-Pierre Pérez, dont c'était la première exposition à ce niveau, a obtenu un résultat (97 voix, 4,21%) tout à fait honorable et égal à celui de 2008. Et cela d'autant plus qu'il était en concurrence avec René Revol (71 voix, 3,08%), beaucoup plus connu dans le département, qui conduisait la liste du Parti de gauche. Tous les deux regrettent aujourd'hui leur manque d'unité.
On notera enfin, comme l'a fait remarquer René Revol, qu'aucun des élus n'a obtenu le quota de 25% des voix qui permet l'élection directe.
Une des conséquences de ce que le candidat du Parti de gauche appelle « la décomposition des deux grands partis » que sont le PS et l'UMP.
ANNIE MENRAS
Source : l'Hérault Du Jour