mardi 28 octobre 2014

L'engagement associatif n'a jamais été aussi fort

Les responsables du Mouvement associatif. Les responsables du Mouvement associatif. PHOTO REDOUANE ANFOUSSI

Le secteur associatif représenterait 12% de l'emploi en Languedoc-Roussillon. Mais la baisse des dotations aux collectivités fait craindre un tarissement des subventions et le basculement dans la crise.

Afficher son attachement à une association, rappeler l'intérêt économique du secteur en période de crise et interpeller les élus sur l'importance de continuer à le financer. Ce sont les trois grands axes de la campagne lancée par le Mouvement associatif qui fédère 600 000 associations en France (soit la moitié du secteur) alors que l'engagement associatif a été déclaré grande cause nationale 2014 par l'ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault.
A travers un spot diffusé à la télévision et à la radio, et une campagne virale (voir ci-dessous), il s'agit de transmettre « un message très positif sur la réalité extrêmement diverse des associations, explique Nadia Bellaoui, la présidente nationale du Mouvement associatif. On veut montrer que le fait de s'associer permet de mieux répondre à des situations, de mieux mobiliser, sans hiérarchie entre les champs d'intervention, et rendre compte de la contribution plurielle des associations à la société. »
Au delà des aspects militants d'un engagement, le Mouvement associatif avance un argument choc : en cette période de crise et de destruction en masse de l'emploi, le salariat associatif, lui, résiste, « même si après avoir crû deux fois plus vite que l'emploi privé (+2,5% entre 2005 et 2012) il est aujourd'hui en stagnation », précise Nadia Bellaoui. La baisse de l'emploi dans le secteur des services à la personne est notamment en cause. La présidente annonce tout de même le recrutement de 600 000 salariés dans les associations en France d'ici 2020.
La dynamique est d'autant plus vraie en Languedoc-Roussillon où se créent 4 000 associations chaque année, et où l'emploi associatif représenterait 12% de l'emploi régional. Une activité d'autant plus précieuse qu'elle serait de meilleure qualité que dans le privé. Le secteur associatif emploie plus de seniors que les autres marchés d'activité et, même si pour les cadres, les conditions de travail sont moins bonnes que dans les autres secteurs (notamment en terme de rémunération), les salariés y sont plus heureux. « Plusieurs études le confirment : les salariés des associations ont le sentiment d'être utiles », souligne Nadia Bellaoui.
Mais cette belle situation est aujourd'hui en danger, par le truchement de la baisse des dotations de l'Etat aux collectivités. Les associations dépendent en effet pour moitié du financement des collectivités. Or le secteur craint que les difficultés des Régions, Départements et communes se répercutent directement sur lui. C'est déjà en partie le cas avec la baisse des subventions au profit des appels d'offre. Pourtant, « ils reviennent plus cher à la collectivité » remarque Patrick Marcel, co-président du Mouvement associatif en Languedoc-Roussillon. Cette concentration des fonds sur les prestations plutôt que sur le fonctionnement des associations fait aussi craindre une « perte des valeurs créatives » du secteur.
C'est tout l'enjeu de la deuxième charte d'engagements réciproques signée en février dernier entre l'Etat et le Mouvement associatif qui intègre cette fois-ci les collectivités territoriales (voir ci-dessous). Elle sera déclinée au niveau local pour « renouer le dialogue et sensibiliser les élus à cette question », explique Marianne Loiseau, coprésidente régionale du Mouvement associatif. Car « c'est aussi un problème de formation, complète Sylvie Chamvoux, l'autre coprésidente. Quand les élus basculent la crèche de l'associatif vers le privé lucratif, ils n'ont pas forcément conscience de l'impact sur la place des parents ou des salariés. La richesse d'une association n'est pas qu'une question de financement. »
Marine Desseigne
http://www.lamarseillaise.fr/herault-du-jour/societe/32275-l-engagement-associatif-n-a-jamais-ete-aussi-fort