vendredi 12 décembre 2014

Antisémitisme : deux jeunes Audois déférés pour provocation à la haine

Gille Soulié, directeur du SRPJ et Christophe Barret, procureur de la République. Photo david maugendreGille Soulié, directeur du SRPJ et Christophe Barret, procureur de la République. Photo david maugendre

Le plus jeune avait posté sur Facebook une photo de lui devant la synagogue de la Grande-Motte avec le commentaire « devant un futur brasier ».

Tôt jeudi 11 décembre au matin, à l'issue de 48 heures de garde à vue, les deux jeunes interpellés mardi pour menace antisémite ont été déférés devant un juge d'instruction, a révélé le procureur de la République de Montpellier Christophe Barret, qui a demandé leur placement sous contrôle judiciaire. Une information judiciaire a été ouverte pour provocation à la haine en raison d'une appartenance à une religion, provocation à la destruction par des moyens dangereux et menace de destruction.
Tout a commencé la semaine dernière avec une plainte déposée par le responsable de la synagogue de la Grande-Motte (Hérault) qui avait découvert sur Facebook la photo d'un jeune garçon devant l'établissement accompagnée du commentaire « Devant un futur brasier ». Saisi de l'affaire, le SRPJ (service régional de la police judiciaire) de Montpellier n'a pas tardé à identifier le garçon, mineur, ainsi qu'un de ses amis, qui ont été placés en garde à vue. Âgés de 17 et 21 ans, les deux étudiants Audois ont revendiqué être animés d'une idéologie nationale socialiste, mais le plus jeune, qui a reconnu être l'auteur de la photo, affirme que sa publication n'était qu'un « trait d'humour ».

Groupuscule d'extrême droite ?

Une dérobade qui n'a pas convaincu le Parquet, qui demande la mise en examen des deux jeunes hommes. Les perquisitions menées à leur domicile ont en effet permis de recueillir des « indices graves et concordants » qui laissent supposer une appartenance à un groupuscule d'extrême droite et des activités de diffusion de l'idéologie antisémite. Les premières informations à propos de cette affaire laissaient entendre une proximité avec le groupuscule Mouvement populaire pour une nouvelle aurore. L'enquête du juge d'instruction devra en déterminer la réalité. Par ailleurs, la photo et son commentaire avaient été postés sur une page Facebook créée quelques jours plus tôt sous le pseudonyme « ennemi des juifs » traduit en allemand pour passer entre les mailles des modérateurs du site. Plus de 600 « amis » avaient accès à cette page caractérisant « une publicité évidente » aux yeux du Parquet qui a donc décidé de déferrer l'auteur de la publication et son ami très proche.
Si le procureur de la République se refuse à émettre tout lien avec l'arrestation de trois jeunes gens à Béziers après des menaces contre une école juive, il se félicite de la réactivité de la justice dans cette affaire dont « les enjeux pour la société sont importants ». « Avec cet appel à la haine et à la destruction, ils dénient la liberté de tout un chacun d'exercer sa religion, ils dénient l'égalité des droits et ils dénient la volonté de vivre ensemble, a commenté Christophe Barret. C'est une négation de la devise de la République : liberté, égalité, fraternité. »
Par ailleurs, le procureur de la République estime que la jeunesse des auteurs des faits n'est pas une excuse même si le SRPJ n'a découvert aucun passage à l'acte avant ces infractions. « Ce n'est pas parce qu'on est immature et jeune qu'on est pénalement irresponsable ou que c'est un certificat d'innocuité », a souligné Christophe Barret, rappelant que les deux garçons risquent jusqu'à cinq ans de prison.
Marine Desseigne
source : l'Hérault Du Jour