lundi 29 décembre 2014

Education : une année de désillusions

Les manifestations ont rythmé l'année qu'il s'agisse des activités périscolaires ou du manque de profs. Les manifestations ont rythmé l'année qu'il s'agisse des activités périscolaires ou du manque de profs.LMRS - Redouane ANFOUSSI

Rétrospective : mise en place des nouveaux rythmes scolaires, débats sur l'ABCD de l'égalité et manque de moyens face à une démographie en hausse ont marqué 2014 en Languedoc-Roussillon.

Année civile et année scolaire sont difficilement compatibles. Pourtant, il est facile de résumer le sentiment dans le secteur de l'enseignement en Languedoc-Roussillon : 2014 est l'année des espoirs déçus. Alors que le gouvernement clame haut et fort qu'il a fait de l'Education sa priorité, sur le terrain, les désillusions se succèdent.

Des rythmes cacophoniques
2014 a évidemment été rythmée par la généralisation de la mesure la plus médiatique de la loi pour la refondation de l'école : la semaine de quatre jours et demi. Dès le mois de mai, à peine les élections municipales digérées, les hostilités commencent. Fraîchement élu, Philippe Saurel tente d'obtenir du rab' pour la ville de Montpellier. Il promet, il tempête, mais le ministère n'accède pas à ses demandes : les nouveaux rythmes scolaires devront bien être opérationnels dès septembre.Il n'est pas le seul édile à tenter de négocier. A la faveur du décret du nouveau ministre de l'Education nationale Benoît Hamon, qui permet aux communes rurales de regrouper tous les temps d'activité périscolaires (TAP) sur une seule après-midi de la semaine, chacun imagine la rentrée à sa sauce. Si bien que des villes a priori sans aucune difficulté pour organiser tous les jours des TAP (Montpellier, donc, mais aussi Nîmes ou Béziers) demandent une dérogation au Rectorat.
En juin, l'Académie tranche : seules 208 communes de l'Académie pourront regrouper les TAP, dont 137 choisissent le vendredi après-midi. Pour les 431 restantes, il reste deux mois pour mettre en place les dispositifs nécessaires. Les élèves, mais surtout les parents, partent en vacances sans savoir comment ils devront s'organiser en septembre.
Le capharnaüm de la rentrée est à la hauteur des inquiétudes. A Béziers, il faut attendre une semaine avant que les premières "activités" encadrées par des agents municipaux soit organisées. Aujourd'hui encore, elles se réduisent à peau de chagrin. A Montpellier, les parents passent la matinée de la rentrée à faire la queue pour inscrire leurs enfants aux TAP, prévus deux après-midis par semaine sur quatre (les autres sont de l'étude). Pendant ce temps, Frontignan, seule ville de l'Académie de plus de 20 000 habitants à avoir mis en oeuvre la semaine de quatre jours et demi dès la rentrée 2013 fait figure de bonne élève en publiant les résultats de l'étude menée auprès de classes de CP et de CM1 qui conclue que "les enfants ne se disent pas plus fatigués en fin de semaine et leur capacité d'apprentissage sont améliorées".

L'ABCD remisé
Autre désillusion de rentrée, la non généralisation de l'ABCD de l'égalité. Annoncée en juillet, la décision est dénoncée comme une "reculade" par les profs chargés de mener l'expérimentation dans 45 écoles de l'Académie. Le Languedoc-Roussillon faisait en effet partie des dix académies pilotes pour mettre en oeuvre ce dispositif dont le but était de "transmettre les valeurs d'égalité et de respect entre les femmes et les hommes". Pendant neuf mois, les enseignants en charge de ce programme transversal avaient pourtant subi sans broncher les attaques des pourfendeurs de la théorie du genre, reliquats de la Manif pour tous contre le mariage homosexuel, qui croyaient voir dans cet ABCD un appel à la déviance. Le 30 janvier, des SMS anonymes appelaient même à une Journée de retrait des enfants de l'école, évoquant des "cours d'éducation sexuelle avec démonstration dès la maternelle".

Des moyens insuffisants
Autre attente déçue : les moyens humains et matériels accordés aux écoles, collèges, lycées ou universités de la région. La récente carte des réseaux d'éducation prioritaires, sur laquelle de nombreux établissements ont été oubliés, n'est que la dernière annonce en date jugée insuffisante par les syndicats enseignants. Dès le début 2014, Snes-FSU, Snep et Unsa, s'inquiètent des faibles dotations accordées à l'Académie. En avril, le Comité départemental de l'éducation nationale (CDEN) confirme les craintes : seulement 43 ouvertures de classes prévues en primaire pour 1 800 nouveaux élèves dans l'Hérault. Le jour de la rentrée, malgré les 242 postes créés en Languedoc-Roussillon, la FSU dénonce une "pagaille indescriptible".
Dans les locaux rien ne va non plus. Les enseignants du lycée Mermoz à Montpellier ont engagé depuis longtemps une bataille avec leur administration pour assurer la sécurité des élèves et des personnels. A Sète et à Béziers, les parents interpellent les mairies face à des écoles vétustes.
Heureusement que l'Education est une priorité du gouvernement...
Marine Desseigne
http://www.lamarseillaise.fr/herault-du-jou