lundi 19 janvier 2015

Islam : pour Onfray, il ne faut pas avoir peur du "réel"


Invité samedi soir de l'émission "On n'est pas couché", Michel Onfray a expliqué que le Coran contient des sourates appelant au crime et d’autres prônant la tolérance, et a continué en expliquant qu’il appartient à chaque Français de confession musulmane de se déterminer pour vivre, ou pas, un islam laïque et républicain. Voilà de quoi donner lieu à un débat très agité sur le plateau...
BALTEL/SIPA et VILA -VSD/SIPA
Samedi 17 janvier, Michel Onfray, était invité de l'émission « On n'est pas couché » de Laurent Ruquier pour s’expliquer sur sa tribune dans le Point publiée juste après la tragédie du 7 janvier. Objet du débat, le reproche fait par Onfray à l’ensemble des médias audiovisuels français de s’en être tenus à la présentation des faits et à l’émotion événementielle en oubliant volontairement d’apporter la moindre analyse politique.
Irrité d’entendre observateurs et commentateurs marteler que l’attentat n’avait rien à voir avec l’islam et que « les musulmans sont les premières victimes de cette abomination », le philosophe libertaire rappelait tout simplement que, cette fois-ci, le « réel » avait bien eu lieu et que tenter de le maquiller revenait, une fois de plus, à faire le jeu du Front national. Rappelant que ce n’est pas un terrorisme perpétré par des fous isolés qui a tué Charb et l’équipe de Charlie mais de jeunes citoyens français militants intégristes musulmans, Onfray précisait que la vraie islamophobie, selon lui, n’est pas dans l’assimilation des frères Kaouchi à l’islam — ce qui relève de l’évidence —, mais dans les bombardements répétés de populations musulmanes innocentes par les puissances occidentales en Irak, en Libye, en Afghanistan et ailleurs.
Poursuivant son raisonnement, Michel Onfray a expliqué que le Coran contient un certain nombre de sourates appelant au supplice ou au meurtre de tout ce qui n'est pas musulman, à l’égorgement des infidèles : « Exterminez les incrédules jusqu’au dernier »« Tout juif qui vous tombe sous la main, tuez-le »... Et de les citer une par une, sous le regard visiblement exaspéré d’Aymeric Caron, tout en rappelant que ce même Coran, rédigé sur plus d’un siècle, contient également des sourates appelant à la tolérance, à la fraternité et à l'amour du prochain. Un texte ancien, avec ses archaïsmes et ses excès (comme peuvent en contenir, à leur façon, la Bible et la Torah), « où chacun peut prélever le meilleur ou prélever le pire » selon que l’on recherche une dialectique de haine ou un message de paix. « Il n’empêche, poursuit Onfray, on peut trouver dans le Coran matière à justifier tout ce qui est égorgement, sévice ou homophobie ».
Et l’écrivain normand de rappeler que c’est bien du Coran pluriel, et non moins officiel, dont il s’agit, celui dont s’inspirent tous les imams du monde prêchant dans leur mosquée. Pour Michel Onfray, Chérif et Saïd Kouachi et Amedy Coulibaly n’étaient pas des dissidents, ni des marginaux, ni des illuminés, mais des « lecteurs » spécifiques du Coran de la période médinoise (après l’Hégire), celle d’un Mahomet chef de guerre et chef d’Etat, à opposer à celui de la période mecquoise (avant l’Hégire), celle d’un prédicateur, clandestin et minoritaire, persécuté à La Mecque pour monothéisme subversif.
Et le philosophe de préciser que ce ne sont pas les musulmans dans leur ensemble qui sont en cause, bien au contraire, mais ceux d'entre eux qui s'en tiennent à une lecture littérale des sourates les plus violentes et qui sont nombreux dans le monde. Pour Onfray, il y a évidemment de la place en France pour un islam laïque et tolérant, actuellement majoritaire, apte à vivre en parfaite harmonie avec les lois, les principes et les valeurs de la République. Et qu'il convient d’aider cet islam français à se développer dans le sens d’une réforme nécessaire à toute religion voulant vivre en osmose avec son temps, et de l’accompagner par une application stricte de la laïcité.
Le débat a évidemment été plus que vif, et même crispé avec Aymeric Caron, effondré que l'une de ses idoles, pourtant insoupçonnable d'islamophobie, puisse tenir de tels propos. Caron n’a pu s’empêcher de regretter la « zemmourisation » de Michel Onfray, seul moment d'humour involontaire de cette joute historique. Poursuivant dans l’échange sans lâcher prise, y compris avec Léa Salamé, qui insistait pour savoir ce que préconisait Onfray pour sortir de cette impasse, le fondateur de l’Université populaire de Caen s’est lamenté que la gauche jette l’anathème sur un Alain Finkielkraut, au prétexte que sa dénonciation d’une école qui fabrique des crétins, et maintenant des barbares, fait le jeu du fascisme alors que cette même gauche ne cesse d’abandonner la patrie, la nation et l’éducation à l’extrême droite.
Indémontable, Michel Onfray a conclu en souhaitant que l’on puisse, à gauche, aborder la question de l’islam sans verser « dans une vision islamophile irénique en laissant dire qu’elle est une religion de paix, de tolérance et d’amour ». Visiblement fâché d’être accusé de s’aligner sur les thèses d’Eric Zemmour, Michel Onfray a sorti l’artillerie lourde en affirmant que cet irénisme dissimule trop souvent « un antisémitisme forcené, parce que, du côté du juif et d’Israël, il y a toujours l’argent », juste avant sa sanction finale : « On finit par tomber dans l’islamophilie par antisémitisme de gauche ou d’extrême gauche ».
Comme ce fut le cas lors de l’altercation entre Aymeric Caron et Alexandre Arcady le 26 avril 2014, certaines scènes de l’émission du 17 janvier ont été coupées, notamment celle où Laurent Ruquier enjoint fermement à son chroniqueur de la boucler...

Périco Légasse
source : http://www.marianne.net/